ésident de l’UE, Herman Van Rompuy (G), José Manuel Barroso (R) et le président russe Dmitri Medvedev, le 7 décembre 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet) |
[07/12/2010 14:20:49] BRUXELLES (AFP) La Russie a conclu mardi lors d’un sommet un accord avec l’UE, qui dégage un obstacle important sur la voie de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, un objectif poursuivi laborieusement depuis 17 ans par Moscou, désormais à portée de main pour l’an prochain.
“Nous avons réalisé une percée en vue de l’adhésion de la Russie à l’OMC”, a déclaré le président de la Commission européenne José Manuel Barroso juste avant le début de la réunion à Bruxelles, à laquelle participent aussi le président russe Dmitri Medvedev et celui de l’UE Herman Van Rompuy.
M. Barroso a ajouté que l’éventualité de voir le pays franchir ce cap en 2011 était devenue “une perspective réaliste”. L’adhésion l’an prochain est l’objectif affiché de Moscou qui avait déjà conclu un compromis commercial similaire en octobre avec les Etats-Unis.
Le texte règle les principaux différends commerciaux bilatéraux qui existaient encore et bloquaient, du point de vue de l’UE, l’entrée de la Russie dans l’OMC. Il prévoit notamment une baisse des régimes respectifs de taxes douanières, pour le commerce de bois ou l’utilisation des réseaux ferroviaires.
Un accord de principe avait été trouvé à ce sujet le 24 novembre, mais il devait encore être formalisé.
“Il s’agit vraiment d’un tournant. Les questions bilatérales difficiles entre nous ont été réglées, nous avons signé un protocole d’accord en ce sens aujourd’hui”, a encore dit le chef de l’exécutif européen.
La Russie est la dernière grande puissance économique à ne pas être intégrée à l’OMC.
Tout n’est pas réglé pour autant pour Moscou. D’autres sujets, qui dépassent le cadre strict des relations UE-Russie, doivent encore être réglés par la Russie pour pouvoir entrer dans l’OMC.
Un diplomate européen mentionne notamment le recours “injustifié” de Moscou à des mesures sanitaires pour limiter les importations de viande, ou le manque de protection du droit à la propriété intellectuelle.
Mais pour l’Europe, l’entrée du grand voisin russe dans l’OMC a une dimension tout aussi politique qu’économique car elle doit permettre d’arrimer le pays aux règles internationales de l’Etat de droit.
“Le but ultime de l’UE est d’intégrer la Russie dans un ordre multilatéral et international basé sur des règles, car la transparence et la prévisibilité sont fondamentales pour de bonnes relations économiques et politiques”, a souligné lundi en Pologne le commissaire européen chargé des relations avec les pays voisins de l’UE, Stefan Füle.
Au-delà des dossiers commerciaux, le sommet de Bruxelles est l’occasion de célébrer un réchauffement manifeste entre la Russie d’une part, l’Occident en général d’autre part, et l’Europe en particulier.
En prélude à son déplacement bruxellois, Dmitri Medvedev a effectué une visite historique lundi en Pologne, la première visite d’Etat d’un président russe à Varsovie en près de neuf ans. Elle a été saluée par l’UE.
Le sommet de l’Otan à Lisbonne le mois dernier a été aussi le théâtre d’un réchauffement sur la question du bouclier antimissile de l’Alliance atlantique sur le Vieux continent, l’Iran et ses visées nucléaires étant désormais considérés comme une menace potentielle commune de part et d’autre de l’ancien rideau de fer.
Russes et Européens doivent du reste se pencher à Bruxelles sur le programme nucléaire iranien, au sujet duquel des négociations ont repris cette semaine à Genève. La chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, qui y jouait un rôle de médiateur, doit faire le point des discussions qu’elle a eues.