Euro-obligations : le ton monte entre Berlin et Jean-Claude Juncker

photo_1291816729294-1-1.jpg
érence de presse à Luxembourg le 9 mars 2010 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[08/12/2010 14:09:45] BERLIN (AFP) Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a reproché à l’Allemagne une attitude “antieuropéenne” en refusant de soutenir la création d’euro-obligations et Berlin lui a aussitôt répliqué que ces critiques aggravaient la situation sur les marchés.

“On rejette notre proposition avant même de l’avoir étudiée. Cela m’étonne beaucoup. Cette façon de créer en Europe des sujets tabous et de ne pas du tout s’occuper des idées des autres est une manière très antieuropéenne de gérer les affaires européennes”, a dit le Luxembourgeois, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, dans un entretien à paraître dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit jeudi et diffusé dès mercredi.

Ce à quoi le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert a rétorqué : “Nous sommes d’avis que cela n’aide pas l’Europe si ses membres se qualifient les uns les autres d’antieuropéen”.

“Nous savons que les marchés prennent note de cette manière de montrer du doigt” d’autres, a-t-il ajouté au cours d’un point de presse régulier, jugeant que les critiques adressées à l’Allemagne accroissaient l’incertitude et les tensions sur un marché de la dette d’ores et déjà très volatil.

M. Juncker, partisan de l’émission d’emprunts européens communs, considère que “l’Allemagne raisonne de manière un peu simpliste” au sujet des “euro-obligations”, dans son interview accordée à l’hebdomadaire allemand.

photo_1291817359297-1-1.jpg
à Berlin (Photo : Odd Andersen)

De tels emprunts doivent, selon leurs promoteurs, permettre de mutualiser les risques liés aux dettes publiques dans la zone euro, et d’alléger la pression pesant sur les pays en difficulté financière.

L’Allemagne juge l’idée contraire aux principes fondateurs européens, en vertu desquels chaque pays est responsable de sa politique budgétaire et économique. Accessoirement, des euro-obligations feraient grimper les taux de refinancement de la première économie européenne, qui bénéficie à l’heure actuelle de taux très avantageux pour emprunter.

“Il n’y a pas que l’Allemagne à qui (cette proposition) cause des problèmes, on entend aussi ce son de cloche dans d’autres pays membres”, a déclaré M. Seibert, “arrêtons de présenter cela comme un problème allemand”.

Pour le moment, le projet est surtout défendu par une poignée de pays, dont l’Italie et le Portugal, parmi les plus malmenés sur les marchés.

Pour défendre son idée, M. Juncker fait valoir qu’il ne s’agirait pas pour tous les pays européens de devoir s’aligner sur un taux unique pour leurs émissions obligataires : “nous mettrions en commun une partie des dettes nationales à l’échelle européenne pour les servir avec des euro-obligations. Mais la plus grande partie des dettes nationales serait soumise aux taux d’intérêt nationaux”.

Mais même cette distinction ne réconcilie pas Berlin avec le projet. “Si un tel système était mis en place, la répartition (entre la proportion de la dette mutualisée et celle émise au niveau national) ferait vite l’objet de négociations”, a objecté M. Seibert, c’est “une inquiétude forte du gouvernement allemand”.