Mise en garde d’experts contre “le jeu du chat et de la souris” avec WikiLeaks

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La page d’accueil de WikiLeaks, le 28 novembre 2010 (Photo : Nicholas Kamm)

[08/12/2010 15:31:36] CARTHAGENE (Colombie) (AFP) Des experts de l’internet réunis en Colombie ont mis en garde le monde politique contre la tentation d’un “jeu du chat et de la souris” avec WikiLeaks, rappelant qu’il est possible de fermer indéfiniment le site mais pas de désactiver totalement son contenu.

Wikileaks, qui a commencé à diffuser 250.000 télégrammes diplomatiques américains, a appelé les internautes à créer des sites internet “miroirs” sur lesquels son contenu serait accessible, en vue de rendre “impossible” sa suppression de la Toile.

Un système “ingénieux”, estime Leonid Todorov de la firme russe TLD RU. Ainsi, “WikiLeaks déménage constamment. Il sort des Etats-Unis, un jour il s’installe dans un domaine suisse, le jour suivant dans un autre en Suède et il utilise des réseaux peer-to-peer”, un système permettant à plusieurs ordinateurs de communiquer via un réseau et de partager des fichiers.

“Un gouvernement et un portail web jouent au chat et à la souris dans une sorte de chasse informatique qui est difficile pour le chasseur, et présente un coût politique élevé”, estime-t-il.

Le scandale WikiLeaks n’est pas à l’ordre du jour de la 39e réunion de l’Icann –une organisation administrant les noms de domaines d’internet– qui se déroule jusqu’à vendredi à Carthagène, à 1.000 km au nord de Bogota, toutefois le sujet est au coeur de toutes les conversations informelles.

“Il est possible de retirer le site +WikiLeaks.org+, mais pas de désactiver la distribution de son contenu sur le réseau”, a précisé Steve Crocker de la société Shinkuro Inc spécialisée dans la sécurité de l’internet.

Selon lui, l’internet ne doit pas être stigmatisé dans l’affaire WikiLeaks. Le réseau est uniquement “le véhicule utilisé pour réaliser une action, comme une voiture utilisée pour commettre un vol qui dans ce cas est un accessoire au vol”, estime-t-il.

Mais l’affaire WikiLeaks jette une lumière crue sur les relations entre le monde politique et l’internet.

“Il y en a qui souhaitent que le pouvoir de l’internet fasse partie du pouvoir des gouvernements, mais ne nous trompons pas, nous devons travailler de façon conjointe, en prêtant attention à toutes les voix de la communauté”, a assuré Peter Dengate, président de l’Icann.

“Le déploiement technique mis en oeuvre pour tenter d’enrayer les effets que cette expérience peut avoir sur la relation entre le pouvoir politique et le pouvoir du web nous permet d’entrevoir un grand défi à l’horizon”, a-t-il dit.

Précisant: l’Incann “est une autorité technique” et “n’a pas d’influence sur l’information qui est distribuée à travers le réseau”.