Téléphonie mobile à l’étranger : Bruxelles veut encore voir baisser les prix

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Un smartphone (Photo : Nicholas Kamm)

[08/12/2010 18:22:40] BRUXELLES (AFP) Les tarifs de téléphonie mobile facturés à l’usager lors de ses déplacements à l’étranger ne sont toujours pas assez concurrentiels et la Commission européenne réfléchit aux moyens de les faire encore baisser.

“Si les opérateurs se faisaient sérieusement concurrence entre eux, nous pourrions envisager de mettre fin à la régulation. Mais j’ai bien peur que ce ne soit pas ce qu’on voit pour l’instant”, a souligné mercredi la commissaire chargée du secteur, Neelie Kroes.

Elle dénonce “un cauchemar pour les hommes d’affaires, les touristes, les jeunes”, qui “n’osent pas utiliser leur mobile et encore moins leurs téléphones de nouvelle génération” quand ils se déplacent en Europe.

Bruxelles affiche l’objectif d’arriver d’ici 2015 à un véritable marché unique de la téléphonie, avec une différence “proche de zéro” entre le prix des communications mobiles domestiques et en itinérance à l’étranger (“roaming”).

Pour faire baisser ces derniers, nettement plus élevés, l’UE a imposé en 2007 de premiers tarifs maximum pour les appels vocaux. Ces prix plafonds (“eurotarif”) ont depuis été abaissés régulièrement et étendus aux données (SMS, internet mobile…).

Cette régulation vaut théoriquement jusqu’en juin 2012 et Bruxelles doit décider l’an prochain si elle l’abroge ou la prolonge, éventuellement avec des modifications. Elle a lancé mercredi dans cette optique une consultation publique.

Le document de consultation relève que pour la voix, les prix fixés restent le plus souvent très proches du plafond légal.

Et pour l’internet mobile, les prix de gros, seuls à être régulés, sont aussi les seuls à avoir baissé, avec pour résultat “des marges plus élevées pour les opérateurs” mais peu de gains pour les consommateurs, qui continuent de payer environ 50 fois plus en itinérance qu’au niveau national.

Ce sont “toujours des prix qui font pleurer les consommateurs” et “difficiles à comprendre”, a critiqué Neelie Kroes, qui s’insurge contre le bond fait par les prix dès que les consommateurs “franchissent une frontière invisible, et principalement artificielle”, et ce même quand l’opérateur étranger appartient au même groupe que celui utilisé à la maison.

“Ne me dites pas que c’est pour financer des investissements dans de meilleurs réseaux: je ne peux pas défendre cela auprès des citoyens. Je ne peux pas le défendre pour la simple raison que ce n’est pas vrai”, a-t-elle poursuivi à l’attention des opérateurs.

La concurrence est “freinée par le fait qu’en général, les abonnés ne choisissent pas leur opérateur mobile sur la base de ses tarifs d’itinérance”, diagnostique Bruxelles dans son document de consultation.

Ce n’est “pas un facteur qui pourrait les faire changer d’opérateur” et ces derniers sont donc peu incités à se concurrencer sur les prix, juge-t-elle.

En outre, il n’y a pour l’instant “pas de moyens efficaces de substitution” à l’utilisation des réseaux de téléphonie mobile en itinérance.

Bruxelles voit bien un espoir dans le développement de certaines technologies comme les réseaux internet sans fil de type wifi, mais estime que cela ne suffira pas à réduire ou éliminer les problèmes de roaming “dans les cinq prochaines années”.

Outre une prolongation des plafonds tarifaires ou leur extension aux prix de détail pour les données, la consultation envisage d’autres options susceptibles d’améliorer la concurrence, comme davantage de transparence sur les tarifs ou la commercialisation de services de roaming séparément du forfait habituel.

Au-delà des problèmes techniques, il faut encore que les opérateurs soient prêts à proposer de tels forfaits et les consommateurs à les acheter.