Le régime méditerranéen est à la mode. Il est tellement à la mode que l’UNESCO a décidé de le distinguer dans sa toute récente liste du patrimoine immatériel de l’humanité. Tout le monde en est conscient, tout le monde le sait, sauf… notre pays.
Une grande partie du monde est en train de se convertir à la cuisine de la Méditerranée. Synonyme de santé, de soleil, de longévité et de produits de qualité (huile d’olive, légumes, fruits,…), le régime méditerranéen, avec ce classement, vient de franchir un cap. Car être distingué par cet organisme onusien n’arrive pas tous les jours. C’est d’ailleurs la première fois que cette institution classe un patrimoine gastronomique au patrimoine mondial de l’humanité.
Jusqu’ici tout va bien! Seulement là où rien ne va plus et que l’on est en droit de se poser des questions, c’est lorsque l’on remarque l’absence de la Tunisie, parmi les dépositaires de ce fameux régime méditerranéen. A-t-on seulement besoin de rappeler le positionnement méditerranéen de la Tunisie? Sommes-nous méditerranéens ou est-ce notre cuisine qui ne l’est pas? La Tunisie ne rate-t-elle pas le coche en ne rejoignant pas le quartet dépositaire de fameux régime? L’occasion n’était-elle pas en or pour voir la Tunisie figurer, lister, voire revendiquer son appartenance méditerranéenne plus prononcée que celle du Maroc ami et concurrent, du moins par rapport au régime méditerranéen?
Dans le communiqué de presse émanant de l’UNESCO, le régime méditerranéen est défini comme suit: Un régime qui «implique un mode d’alimentation sain et équilibré avec des produits de qualité propres à cette région, comme les fruits, les légumes, l’huile d’olive ou les poissons… Le régime méditerranéen faisait partie d’une candidature conjointe avec l’Italie, la Grèce et le Maroc, car ils partagent évidemment eux aussi les bénéfices de cette alimentation. Ce régime ne concerne pas seulement les aliments eux-mêmes, mais aussi les pratiques et les traditions liées à l’alimentation humaine, depuis la terre jusqu’à la table, et regroupant les modes de cultures, les récoltes et la pêche, ainsi que la conservation, la transformation et la préparation des aliments». Qu’à cela ne tienne, la Tunisie, par cette définition, y aurait pu adhérer pleinement.
Cette absence n’est pas plus pénalisante que cela serait-on tenté de penser. Absolument. Et alors? Alors il ne s’agit à la fin que d’un modeste régime méditerranéen. C’est bien vrai. Pourtant les classements de l’UNESCO restent un excellent moyen pour donner de la visibilité aux monuments et aux pays. Ces classements rejaillissent d’autant plus qu’ils donnent un vrai crédit en plus du rayonnement sur les pays cités. Les éléments culturels listés “Patrimoine mondial de l’UNESCO“ bénéficient d’une reconnaissance plus importante et officielle de la communauté internationale.
Sans vouloir en rajouter, un autre élément vient aussi d’être listé au «Patrimoine immatériel de l’humanité“ par l’Unesco. Il s’agit de la fauconnerie. Un art largement présent dans notre pays et qui consiste en «l’art de chasser avec des rapaces, particulièrement des faucons, des vautours et autres oiseaux pour la capture d’espèces précises. Des démonstrations de cet art sont souvent faites dans un but didactique mais aussi comme attraction touristique. La fauconnerie était présentée avec les Émirats Arabes Unis, la Belgique, la République Tchèque, la France, la République de Corée, la Mongolie, le Qatar, l’Arabie Saoudite, la Syrie ainsi que le Maroc». La Tunisie avait bien entendu aussi droit au chapitre.
A l’heure où la Tunisie travaille avec acharnement pour améliorer l’image de son huile d’olive, à l’heure où la Tunisie travaille sur sa diversification touristique, à l’heure où la Tunisie est plus consciente que jamais de la compétitivité entre les pays, elle est juste passée à côté… Dommage!
Au jour d’aujourd’hui, obtenir la reconnaissance de l’UNESO constitue aussi et surtout un enjeu économique qu’il est important de savoir convertir. L’UNESCO a placé sur sa liste du patrimoine de l’Humanité 8 sites tunisiens, particulièrement emblématiques et exceptionnels d’un point de vue historique: la médina de Tunis, Carthage, l’amphithéâtre d’El Jem, le site archéologique de Dougga, le site archéologique de Kerkouane, la médina de Sousse, le Parc national d’Ichkeul, la médina de Kairouan.
Il s’agissait pour la Tunisie d’inscrire ses premières pratiques culturelles au Patrimoine mondial immatériel de l’humanité. Ce n’est que partie que l’on espère remise!