Calisto Tanzi, ex-patron et fondateur du groupe Parmalat, au tribunal de Milan le 11 avril 2006 (Photo : Paco Serinelli) |
[09/12/2010 13:16:09] MILAN, Italie (AFP) Sept ans après le krach Parmalat, l’un des scandales financiers les plus retentissants en Europe qui a englouti les économies de 135.000 épargnants, le tribunal de Parme (nord) devait rendre jeudi son verdict contre les anciens dirigeants du groupe.
En fin de matinée, à l’issue d’une audience consacrée aux plaidoiries des avocats de la défense, la cour s’est retirée pour délibérer. Le verdict pourrait être annoncé dans l’après-midi ou en soirée.
La peine la plus lourde, vingt ans de prison, a été requise contre Calisto Tanzi, 72 ans, ex-patron et fondateur du groupe agroalimentaire, jugé pour banqueroute frauduleuse et association de malfaiteurs. Il n’était pas présent jeudi au tribunal, selon les agences de presse.
“Pendant la gestion Tanzi, Parmalat a été le symbole d’un système malade et la plus grande fabrique de dettes du capitalisme européen”, avait déclaré le magistrat Lucia Russo durant son réquisitoire en septembre.
Ce procès, qui a démarré en mars 2008 à Parme, ville où Parmalat a son siège, est le principal procès concernant le krach du groupe en 2003 qui a laissé un trou de 14 milliards d’euros.
L’ancien directeur financier de Parmalat Fausto Tonna au tribunal de Milan, le 9 mai 2006 (Photo : Giuseppe Cacace) |
M. Tanzi a déjà été condamné fin 2008 à dix ans de prison notamment pour manipulation de cours de Bourse dans un autre procès à Milan, une peine confirmée en appel en mai dernier.
En raison de son âge, l’ex-patron, qui avait purgé neuf mois de prison et d’assignation à résidence au début de l’affaire, n’a pas été emprisonné mais le tribunal de Milan a finalement accepté en octobre la demande d’incarcération du parquet. M. Tanzi n’ira toutefois pas en prison avant une décision définitive de la Cour de cassation.
Le parquet de Parme a également réclamé des peines d’emprisonnement pour les seize autres accusés dont douze ans à l’encontre de Giovanni Tanzi, frère de Calisto et haut dirigeant du groupe, et neuf ans et demi à l’encontre de Fausto Tonna, ex-directeur financier.
Plus de 30.000 petits épargnants se sont constitués parties civiles dans ce procès et le groupe Parmalat, également partie civile, a réclamé la mise sous séquestre de 2 milliards d’euros dans l’attente de la décision sur le montant des dommages et intérêts que pourraient lui verser les ex-dirigeants.
Alors que ce krach remonte à sept ans, la presse italienne accordait jeudi peu, voire même aucune importance à l’affaire.
à Collecchio, près de Parme, le 22 décembre 2003 |
Fleuron de l’économie italienne, Parmalat, qui employait à l’époque 36.000 personnes dans 30 pays, regroupait une myriade de sociétés et était présent dans le football avec le club de Parme et dans le tourisme.
Le scandale a éclaté en décembre 2003 mais les enquêtes ont montré que le groupe était au bord du gouffre depuis de nombreuses années et ne survivait qu’au prix de grossières falsifications de bilan et grâce à des instruments financiers sophistiqués.
Les avocats de M. Tanzi, qui assure que sa seule intention était de sauver le groupe, mettent d’ailleurs en avant le rôle des banques, les accusant d’avoir vendu des obligations Parmalat aux petits épargnants afin de se rembourser alors qu’elles savaient que le groupe était insolvable.
La responsabilité des banques Citigroup, Deutsche Bank, Morgan Stanley et Bank of America dans le krach fait l’objet d’un autre procès à Milan.
En échange d’un arrêt des poursuites, Parmalat, revenu en Bourse en 2005 après sa mise sous administration judiciaire, a signé des accords avec de nombreuses banques qui lui ont permis d’engranger plus de 2 milliards d’euros.