Tunisie : Le textile&habillement est en déficit de communication, affirme Afif Chelbi

L’e-commerce fera-t-il enfin son entrée par la grande porte en Tunisie?
Jusque-là, ce domaine, qui évolue très rapidement dans les autres pays, tarde à
trouver son chemin dans notre pays. Faute de moyens, faute de motivations ou
faute de conscience? On n’en sait pas trop. Mais ce qui est sûr c’est que le
commerce électronique représente une réelle opportunité pour les entreprises
tunisiennes pour développer leur image à l’extérieur du pays et pour accroître
leur visibilité à l’international.

Le secteur textile et habillement, qui a toujours été une vitrine des
exportations tunisiennes, est particulièrement concerné. Le saut qualitatif que
les responsables du secteur visent à réaliser inclut un plan de communication où
le
commerce électronique se révèle un outil très performant de promotion mais
aussi un outil d’innovation et de croissance, comme s’atèle à le considérer le
Centre technique du textile (CETTEX). C’est ainsi que le Centre a organisé, le 9
décembre 2010, un séminaire sur l’e-commerce dans le textile et habillement en
collaboration avec Mod’Spé Paris et sous l’égide du ministère de l’Industrie et
de la Technologie.

Parmi les 2.049 entreprises que compte le secteur, seules 120 disposent d’un
site web, dont un seul site marchand. Ce qui montre une carence du secteur sur
le plan de sa promotion. Afif Chelbi, ministre de l’Industrie et de la
Technologie, le reconnaît et affirme que le secteur est en déficit de
communication. «La majorité des entreprises ne disposent pas d’une fonction
marketing et commerciale structurée», ajoute-t-il. On compte, ainsi, plus de
1.900 entreprises du secteur qui sont invisibles sur Internet. Le nombre des
boutiques en ligne évolue lentement, soit 400 actuellement contre 250 en 2006.

Une situation qui engage à la fois les entreprises et les consommateurs. Selon
M. Taoufik Thamri, chef du département TIC au
CETTEX, les entreprises
tunisiennes sont peu conscientes des opportunités et des avantages qu’offre le
secteur e-commerce et ne s’investissent pas réellement dans ce sens. De leur
côté, les consommateurs tunisiens n’accordent pas de confiance aux sites de
e-commerce locaux. «Ils sont réticents pour le paiement par carte bancaire et
jugent le e-dinar fastidieux quant à la longueur de sa procédure d’obtention.
Les Tunisiens préfèrent toujours toucher le produit qu’ils vont payer pour
s’assurer de sa qualité, se convaincre de sa fiabilité et surtout négocier le
prix. Le contact direct avec le vendeur est essentiel pour un consommateur
tunisien», souligne M. Thamri.

Pourtant, l’évolution du commerce électronique sur l’échelle internationale
interpelle sur la dimension qu’il revêt pour les entreprises aspirant à
l’universalité. On prévoit, ainsi, que l’e-commerce enregistrera une croissance
à deux chiffres en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique. En Europe, on estime que
près d’un consommateur sur deux fera ses achats sur Internet d’ici 2014 contre
un sur trois en 2009. En 2014 également, les ventes en ligne devraient s’élever
à près de 40 milliards d’euros au Royaume-Uni, 27 milliards d’euros en Allemagne
et 17 milliards d’euros en France. Pour les Etats-Unis d’Amérique, ce chiffre
devrait atteindre 284 milliards de dollars. Pour la France, qui est un
partenaire historique de la Tunisie, le chiffre d’affaires des ventes en 2009 a
augmenté de 25%. On compte plus de 15.000 nouveaux sites marchands actifs en
2009. Les ventes d’habillement en ligne ont progressé de 21% en 2010 par rapport
à 2009.

«Nous ne pouvons plus être à côté de l’évolution», martèle M. Chelbi. Pour faire
face à cette situation, les entreprises tunisiennes sont appelées à mieux
adapter leurs offres aux besoins du marché et adopter des stratégies marketing
et communication efficientes. Le lancement des sites marchands devient de plus
en plus une exigence du marché international. Le commerce électronique devient
aussi une alternative pour les entreprises ne disposant pas des moyens
suffisants pour installer des boutiques à l’étranger.