«L’interdit donne de la saveur, la censure du talent», clame le jeune et
talentueux auteur français Marc Vilrouge. Et c’est beaucoup de saveur sans
censure aucune que
Nessma TV promet à ses téléspectatrices et …téléspectateurs
dans la nouvelle émission «Mamnou3 al 3aRjel» (interdit aux hommes…) qui sera
diffusée tous les mardis soirs. Nous l’avons compris, l’émission est animée par
des femmes pour un public fait non pas de femmes mais surtout d’hommes. Car
lorsqu’entre femmes, on se comprend, nous avons besoin, nous avons envie d’être
comprises.
Mais ce n’est pas seulement cela, c’est sans doute parce que l’humanité aime
braver ce qui lui est défendu que l’interdit est attirant, excitant et tant
désiré que l’émission fut appelée ainsi.
Plus important, le programme offre aux femmes maghrébines une «lucarne» comme
l’a si bien dit Frida Dahmani, journaliste et rédactrice en chef pour parler de
leurs problèmes, mais également des hommes, des enfants, de la société, de leur
travail et de la place et du rôle qu’elles jouent et doivent jouer dans la
conduite de leurs pays. Qu’elles soient femmes d’intérieur, femmes actives,
responsables politiques ou économiques ou femmes d’affaires, les femmes occupent
de plus en plus de l’espace dans le nouveau Maghreb que nous rêvons tous de
construire. Elles sont porteuses d’espoirs et procréatrices aussi bien au propre
qu’au figuré.
L’émission donnera la voix aux femmes pour parler de leurs réussites, de leurs
combats, de la considération que l’on a pour elles ou du peu de considération
dont elles peuvent souffrir. Elle permettra d’ancrer une présence féminine dans
un espace audiovisuel maghrébin où la présence des femmes n’est pas
systématiquement valorisante pour elles.
«Mamnou3 al 3aRjel», qui sera certainement plus regardée par les hommes que par
les femmes, luttera également contre les idées préconçues car on y parlera du
vécu des femmes maghrébines dans tous leurs états. Aussi bien dans leurs
dimensions féminines grâce à la rubrique Mode, beauté à travers la rubrique «Dar
et Décor» animée par Yasmina, une jeune marocaine, que familiale assurée par
Kaouthar Al Bardi en passant par «L’Art de vivre» enseigné par Rym Ben Messaoud,
titulaire d’une maîtrise en Beaux Arts, ou Salima Abada, une Algérienne
«nullement impressionnée par les journalistes» qui propose les rendez-vous
culturels du Maghreb. Forte personnalité, celle-là.
Des rubriques seront également consacrées aux réussites féminines. «Nous voulons
présenter et valoriser ce que nous avons de beau et de bien, nous voulons
susciter l’espoir», assure Nabil Karoui, PDG de la chaîne.
La dynamo de l’émission sera Kaoutar Boudarraja dont le visage nous est familier
à travers Ness Nessma et qui a été adoptée par la chaîne depuis son lancement.
Des femmes maghrébines de tous les pays et de tous les horizons pour bien parler
de leurs semblables dans leurs similitudes et leurs diversités sans crainte
aucune de ce que peuvent penser certains. Ceux qui détestent la modernité, les
progrès et qui ne reconnaissent pas le rôle et l’importance des femmes. «Nous ne
craignons pas le conservatisme ou les conservateurs, parce qu’il s’agit tout
simplement de nous, autant que nous sommes Maghrébines authentiques sans faux
semblants ou faux fuyants», précise Frida Dahmani. Et elle a bien raison, il
faudrait tout juste revenir sur l’histoire du Maghreb pour être édifié sur le
rôle que les femmes y ont joué.