écembre 2010. (Photo : Karen Bleier) |
[10/12/2010 10:42:39] WASHINGTON (AFP) Malgré leurs déclarations martiales, les attaques informatiques de pirates favorables à WikiLeaks contre plusieurs sites dont Visa et Mastercard relèvent plus de l’affichage et de l’agitation politique que d’une réelle guerre de l’internet, estiment des experts.
“C’est une guerre informatique”, “la guerre est déclarée”: depuis quelques jours, les pirates informatiques du groupe “Anonymous” ont multiplié les attaques contre des entreprises accusées de priver WikiLeaks d’accès à des moyens financiers comme Visa et Mastercard. Et ils promettent de s’en prendre à tous ceux qui auraient des “visées anti-WikiLeaks”.
Mais la guerre du net, la “cyber-guerre” qu’ils revendiquent, n’en est pas une, observe James Lewis, spécialiste en cybersécurité au Centre pour les études internationales et stratégiques (CSIS).
“Une guerre engendre des dégâts et des destructions. Là, c’est plus une manifestation politique bruyante, comme une foule qui encercle une banque et refuse de laisser entrer ou sortir quiconque. Ce n’est pas la guerre”, explique-t-il, “c’est du théâtre politique”.
Parler de guerre du net relève de la réthorique, d’autant plus qu’il n’y a pas de camps clairement identifiés comme lors d’un conflit et que les “Anonymous” ne constituent qu’une “très vague communauté en ligne”, estime pour sa part Allan Friedman, directeur de recherches au cercle de réflexion Brookings Institution.
Pour lui, il s’agit d’un phénomène de foule, d’une “manifestation virtuelle” et non d’une “guerre virtuelle”.
“Les Anonymous ont réussi à faire de l’agitation mais ils sont jusqu’à présent loin d’avoir fait quoi que ce soit qui ait un impact durable”, observe-t-il.
En menant des attaques par déni de service, consistant à paralyser des sites internet avec une vague de connexions massive, contre les sites de Visa, Mastercard ou encore de Paypal, les pirates informatiques ne s’attaquent qu’à leur vitrine sur le net et “c’est assez facile à faire”, juge Allan Friedman.
Des attaques similaires en provenance de Russie, bien plus massives, ont frappé l’Estonie en 2007 et la Géorgie en 2008.
“Je ne pense pas que cela affecte beaucoup la confiance des gens dans l’utilisation de leur carte de crédit”, avance pour sa part Adam Segal, expert au Conseil des relations étrangères (CFR), qui évoque un “hacking politique”.
Visa et Mastercard peuvent continuer à mener à bien les transactions, les gens continuer à consommer en payant avec leur carte de crédit. On est loin d’une attaque virale qui s’infiltrerait dans les réseaux bancaires et mettrait à plat les systèmes de transactions, observent ces experts.
De telles attaques seraient beaucoup plus difficiles à mener selon eux.
“Je ne suis pas sûr qu’ils en aient la capacité. Certains sont sans doute assez bons, ils pourraient probablement provoquer quelques dégâts mais dans le contexte actuel quel intérêt politique cela servirait-il?”, s’interroge Adam Segal.
“Cela ne représente pas une menace pour la sécurité nationale”, juge Allan Friedman. D’ailleurs, “tous les sites qui ont été attaqués sont revenus à un fonctionnement normal”.