Paléontologie : l’invisible, voire l’inaccessible dévoilés par l’imagerie 3D

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ées pris dans une ambre et reconstitué en 3D par l’Académie des sciences. (Photo : Elsevier Masson Sas)

[10/12/2010 14:29:21] PARIS (AFP) De l’insecte vieux de 120 millions d’années caché dans une ambre opaque au citron carbonisé voici 2.700 ans lors d’un rite funéraire, l’imagerie 3D révèle l’invisible, jusque là inaccessible sans altérer les échantillons, un tournant important pour la paléontologie.

Visualiser les structures profondes d’organismes permet de meilleures modélisations et comparaisons, entre oiseaux et dinosaures par exemple. Examiner les contraintes mécaniques sur les os du pied d’un éléphant va aider à reconstituer la morphologie des dinosaures.

Pour “faire parler” les échantillons, “on ne détruit plus les objets, on les analyse”, a expliqué Jean Dercourt, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, en présentant jeudi les avancées qu’ont permis “3D et imagerie en paléontologie et paléoanthropologie”.

Auparavant “on ne pouvait pas passer au travers des minéraux pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur”, le seul recours restait “la technique de la machine à jambon”, permettant de découper de fines lamelles de l’objet étudié.

Chaque tranche découpée pouvait être dessinée ou photographiée, mais il fallait pour cela “détruire la roche et le fossile qu’il contenait”, a-t-il rappelé devant la presse.

La numérisation 3D permet “l’accès à la matière et aux structures internes des objets”, sans les altérer. C’est “le vieux rêve de voir l’inaccessible +envers des choses+ enfin réalisé, la porte ouverte aux trésors cachés dans des écrins scellés par la matière et le temps”, résument les chercheurs en introduction aux “Comptes Rendus de l’Académie des sciences Palevol” réunissant une vingtaine d’études scientifiques.

L’imagerie 3D laisse voir les graines à l’intérieur du “plus ancien citron connu dans l’ouest de la Méditerranée” qui a l’aspect d’un fruit carbonisé.

La technique de tomographie aux rayons X (scanner) permet des “niveaux de détails extraordinaires”, a souligné le paléontologue Gaël Clément (Muséum national d’histoire naturelle). Et de préciser : “Le fossile qu’on voit dans les musées, le public pense peut-être que c’est un fantôme grossier” de l’animal observé. En fait, “atome par atome, chaque structure de l’animal est conservée”.

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é sur un site archéologique en Italie datant du 6e siècle avant JC, photo diffusée le 9 décembre 2010 par l’Académie des Sciences. (Photo : Elsevier Masson Sas)

Lors d’une tomographie, les rayons X traversent le spécimen qui tourne sur 360 degrés. Les différences de densité permettent alors de reconstituer le volume de l’organisme, explique encore Gaël Clément. Sur l’écran, insectes ou os des jambes de Neandertal peuvent être visualisés sous tous les angles.

Des outils permettent aussi de numériser rapidement la surface d’objets. L’acquisition des données peut se faire aussi grâce à l’imagerie par résonance magnétique ou, pour les projets jugés les plus intéressants, la lumière synchrotron dans un accélérateur de particules.

La forme du cerveau d’un homme de Cro-Magnon a été reconstituée en 3D en numérisant un crâne conservé au musée de l’Homme grâce à un scanner médical. Ce qui a permis de découvrir les empreintes laissées par le cerveau sur la surface interne du crâne, c’est-à-dire “l’endocrâne”, a rappelé le paléoanthropologue Antoine Balzeau.

Grâce aux données d’imagerie et à une société disposant d’imprimantes en 3D, un prototype en plastique de l’endocrâne avait été réalisé début 2010 et brièvement exposé. Ce type de réplique peut constituer une alternative aux moulages parfois impossible à réaliser.

Faut-il profiter des nouvelles techniques pour numériser les 60 millions de spécimens se trouvant au Muséum ? Jean Dercourt invite à la prudence, faisant allusion au temps passé dans les années 50 à créer des cartes perforées vite devenues obsolètes avec l’arrivée de vrais ordinateurs.