A Lille, des hackers s’organisent pour maintenir l’accès à Wikileaks

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à Lille veulent pérenniser l’accès à WikiLeaks le 9 décembre 2010. (Photo : Philippe Huguen)

[10/12/2010 14:45:09] LILLE (AFP) “On veut continuer à avoir accès à WikiLeaks”, clame Maxime, un hacker lillois qui s’emploie à “lutter contre la censure gouvernementale” pour pérenniser l’accès au site internet qui divulgue des centaines de télégrammes diplomatiques américains.

Attablé jeudi soir avec une demi-douzaine de hackers, au dernier étage d’un café citoyen du centre de Lille, Maxime, 27 ans, peaufine entre deux gorgées de cidre, ses projets de soutien à WikiLeaks notamment par un réseau synchronisé de sites “miroirs”, copies exactes de l’original.

Derrière son épaisse barbe rousse, dans une lumière tamisée, ce militant du groupe Degenerescience ne décolère pas contre le ministre chargé de l’Economie numérique, Eric Besson, “qui souhaite faire interdire l’hébergement de WikiLeaks en France”.

“Il va falloir fermer chaque site l’un après l’autre, si on veut faire tomber l’accès à WikiLeaks en France”, explique Charles, autre militant, prestataire de services informatiques.

Degenerescience, fondé en 2002, envisage d’autres actions publiques de soutien, comme un accès sécurisé permettant de consulter WikiLeaks malgré un éventuel “couvre-feu numérique”.

Charles récuse le terme de “pirate informatique” et se revendique comme “bidouilleur”, traduction du terme “hacker”. Il désapprouve les initiatives de “pirates” comme celles du groupe “Anonymous”, qui a lancé mercredi une vaste attaque coordonnée contre les sites d’entreprises ayant privé WikiLeaks de leurs services financiers.

“On ne veut pas lutter contre la censure en censurant d’autres sites”, dit-il. “Attaché” à WikiLeaks, il souhaite défendre cet “outil formidable”, qui lui a permis “d’aller plus loin dans la connaissance de certains enjeux”.

Jérôme, 28 ans, fondateur d’un fournisseur d’accès à internet, échange, tableau à l’appui, avec les quelques participants à la réunion sur les moyens de sécuriser le réseau tout en le rendant plus accessible, utilisant des termes peu accessibles au commun des mortels.

Tous sont des informaticiens chevronnés, même si la création d’un site miroir est, selon eux, “très simple” et peut se faire à l’aide de logiciels libres, sur “un ordinateur pas plus puissant qu’un téléphone portable”.

“Le jour où un juge français dira que c’est illégal, je reconsidérerai ma position, explique Jérôme. Ce qui me motive, c’est le respect des valeurs républicaines. Pour moi une démocratie a besoin de transparence”.

“On gardera nos +miroirs+ quelque soient les décisions qui sont prises”, l’interrompt Maxime avec véhémence.

“Quand je parle de reconsidérer ma position, je parle de position géographique, précise malicieusement Jérôme. Si ce n’est pas légal en France, j’irai en Belgique, où on ne risque pas les pressions gouvernementales”.