Tunisie : L’avenir de la normalisation est la normalisation internationale

La normalisation est devenue une exigence sur le marché international pour
témoigner de la qualité d’un produit. Bien que l’adhésion aux normes soit de
nature volontaire selon le choix de chaque entreprise, elle est toutefois un
critère de sélection qui différencie un produit ou un service donné d’un autre.
En Tunisie, les entreprises prennent conscience de cette donnée et se hâtent
d’adhérer au système de normalisation bien que ce ne soit pas le cas au début.
«Il n’était pas aisé auparavant de parler de normes pour les industriels. Elle
était considérée comme une contrainte. Ce qui fait qu’il n’y avait pas
d’adhésion», lance Kamel Ben Yaghlene, membre du bureau de la Fédération de la
chimie au sein de l’UTICA, lors du séminaire organisé le 10 décembre 2010 par l’INNORPI
sur la coopération intermaghrébine dans le domaine de la normalisation et la
qualité.

Ceci a changé actuellement. Selon M. Ben Yaghlene, le secteur privé est plus
attentif à l’importance des normes et participe même à leur élaboration. Sur le
plan régional, les entreprises s’activent pour suivre les évolutions. Le dernier
en date est l’accord de reconnaissance bilatérale entre la Tunisie et la Libye.
Et le responsable de l’UTICA d’indiquer que le développement de la normalisation
en Tunisie passe par la collaboration entre les différentes parties,
essentiellement au niveau du pouvoir public. «La collaboration de l’autorité est
très importante dans la mesure où elle peut instaurer un système d’application
des normes», signale-t-il. De son côté, François Ailleret, président de
l’Association française de normalisation, a indiqué que pour un pays émergent
comme la Tunisie, les normes sont très importantes puisque tout investissement
qui se fait a une vocation de durée et doit s’intérger dans le marché
international.

Par ailleurs, Aymen Mekki, directeur de l’INNORPI, a affirmé que l’avenir de la
normalisation est la normalisation internationale. L’objectif étant de porter le
taux d’adhésion aux normes internationales à 87% contre 84% actuellement. «Nous
visons un taux de normes nationales de 3% et qui soient des normes tunisiennes
vraiment très pertinentes pour des produits purement tunisiens et qui n’existent
pas ailleurs, à l’instar de l’harissa, des dattes, etc.», ajoute-t-il.

Selon M. Ailleret, la normalisation internationale permet aux entreprises de
profiter d’une expérimentation et d’une validation «terrain» mais aussi
d’encourager l’innovation et de faciliter la formation. Sur le plan économique,
elle permet d’exploiter un outil transparent et neutre adapté à la
mondialisation, de contribuer à intégrer davantage l’économie maghrébine dans
l’espace mondial, de pouvoir écarter de nombreux obstacles au commerce, avec le
Code des Normes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Dans la gestion quotidienne, ceci permet d’être un partenaire influent au sein
de l’ISO et de la CEI et d’accéder aux bonnes pratiques internationales tels que
les systèmes de management (ISO 9000 et 140000), la sécurité alimentaire (ISO
22000), l’énergie (ISO 50001), la
responsabilité sociétale
(ISO 26000), etc. Il
s’agit également de faire appel à des processus reconnus (ISO CASCO) pour
l’accréditation et la certification, pour créer la confiance sur ses produits
dans une économie mondiale globalisée et de répondre aux préoccupations des
consommateurs en matière de santé, hygiène, sécurité mais aussi services
financiers, allégations éthiques, etc.

Abondant dans le sens, Alain Durand, secrétaire général du Réseau de
Normalisation et Francophonie (RNF), souligne que la normalisation
internationale permet aux pays en développement de disposer d’un langage
technico-économique de référence unique, d’éliminer les obstacles techniques à
la production, d’assurer la qualité et la sécurité des produits et services
locaux. Pour parvenir à cela, il est impératif de créer une infrastructure de la
qualité qui s’appuie sur la métrologie, la normalisation et l’évaluation de la
conformité.

Il s’agit pour les acteurs économiques de disposer d’un transfert des techniques
des pays industrialisés vers les pays en développement, d’avoir un référentiel
validé de bonnes pratiques de gestion, production, maintenance, d’avoir une
garantie d’interopérabilité des composants et systèmes, d’accéder à un outil de
construction de projets industriels complexes. Pour les autorités publiques, il
s’agit de disposer de référentiels reconnus pour mettre en oeuvre des politiques
publiques et réglementations légitimes, de prendre connaissance des principes de
contrôle du marché par l’évaluation de la conformité mais aussi des règles
techniques pour les infrastructures collectives: BTP, routes, télécoms, etc., et
des règles pour gérer la qualité et l’efficacité des services publics.