Italie : l’incertitude politique, mauvais point en pleine crise de la dette

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ésultats du vote de confiance sur le gouvernement Berlusconi dévoilés au Parlement italien à Rome le 14 décembre 2010 (Photo : Andreas Solaro)

[14/12/2010 14:58:23] MILAN (AFP) En pleine crise de la dette dans la zone euro, la victoire d’extrême justesse de Silvio Berlusconi au parlement va entraîner une période d’incertitude politique qui n’est pas du goût des marchés et rendra très difficile l’adoption de réformes pour stimuler la croissance.

“Avec une majorité aussi réduite, le risque est qu’au premier test important le gouvernement puisse chuter” alors que l’Italie “a fortement besoin en ce moment de réformes structurelles afin de renforcer la croissance”, analyse Chiara Corsa, économiste de la banque UniCredit.

Dans l’immédiat, les marchés ont peu réagi à la victoire de Silvio Berlusconi. La Bourse de Milan, qui a légèrement progressé après le vote, prenait 0,33% vers 14H30 GMT tandis que les taux obligataires à dix ans restaient stables autour de 4,6%.

Mais à moyen terme, “l’instabilité politique est un contexte défavorable” pour les investisseurs, ajoute Chiara Corsa.

Après avoir été épargnée par les marchés, l’Italie fait à son tour les frais des craintes de contagion de la crise de la dette et l’écart de ses taux avec le Bund allemand, référence dans la zone euro, a atteint un record historique il y a deux semaines.

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à Rome le 14 décembre 2010 (Photo : Andreas Solaro)

Si le ministre de l’Economie Giulio Tremonti a su serrer les cordons de la bourse durant la crise, empêchant ainsi un bond du déficit public, le talon d’Achille de la Botte est son énorme dette publique qui a atteint en octobre un record à 1.867 milliards d’euros.

“La troisième dette publique du monde” en valeur absolue alors que le pays ne dispose pas de “la troisième économie du monde”, a souligné lundi M. Berlusconi qui s’est posé en garant de la “crédibilité” financière du pays.

Rapporté au PIB, cette dette atteint près de 120%, au deuxième rang en Europe derrière la Grèce.

Et dans le même temps, les perspectives de croissance du pays sont faibles: 1,1% cette année et l’année prochaine selon Bruxelles. En visite à Rome vendredi, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a appelé l’Italie à “renforcer son potentiel de croissance”.

L’agence Standard and Poor’s avait averti début novembre que l’instabilité politique pourrait représenter un “facteur de risque” pour les finances du pays et donc pour sa notation.

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ésident de la Chambre des députés Gianfranco Fini au Parlement à Rome le 14 décembre 2010 (Photo : Andreas Solaro)

Les industriels expriment eux depuis des mois leur ras-le-bol vis-à-vis d’un gouvernement paralysé par la bataille entre le Cavaliere et son ex-allié Gianfranco Fini, président de la Chambre des députés.

“Dans un moment difficile comme celui-ci (…) on a besoin d’un gouvernement en mesure de gouverner. Nous ne pouvons pas aller de l’avant avec des gouvernements hétérogènes ou avec des majorités tellement restreintes qu’aucun choix n’est possible”, a martelé lundi la “patronne des patrons” Emma Marcegaglia.

Selon Fabio Fois de Barclays Capital, “les marchés devraient être tout de même rassurés car le budget comprenant les mesures de réductions des dépenses publiques a été adopté” et car la rigueur ne devrait pas être remise en cause, même si à terme la crise politique débouche sur la formation d’un nouveau gouvernement.

L’Italie dispose en outre de “fondamentaux solides, les ménages sont faiblement endettés, il n’y a pas de bulle immobilière”, tandis que plus de la moitié de la dette est entre les mains d’investisseurs italiens, ce qui apporte de la “stabilité”, ajoute-t-il.

Mais, selon l’économiste, “si les marchés se concentrent seulement sur l’instabilité politique, les taux augmenteront et le coût de la dette deviendra très élevé pour l’Italie” qui paie déjà autour de 75 milliards d’intérêts par an.