Le poulet de chair et les œufs se font tantôt rares en raison d’épidémies (grippe aviaire), tantôt abondants. Une situation qui vient prouver de manière éloquente que la production avicole est encore bien loin de garantir sa stabilité et régularité.
Pourtant, le secteur a une dimension stratégique et représente d’importants enjeux en matière de sécurité alimentaire et d’emplois.
Est-il besoin de rappeler que l’aviculture, qui croît annuellement de 4,3% pour les viandes blanches et de 1,3% pour les œufs, garantit 60% des protéines dans le régime alimentaire du Tunisien, 50% des besoins du pays en viande et emploie 15.000 personnes.
Actuellement, l’heure est plutôt à l’abondance. Les structures d’appui se débattent dans des problèmes logistiques tendant à baisser la production, à stocker l’excédent et à en exporter.
Fin novembre 2010, les structures en charge de la filière avicole ont pris des mesures pour réguler le marché qui connaît une situation des plus paradoxales, marquée par une baisse des prix à la production et par une hausse des cours mondiaux des intrants des aliments avicoles.
Le Groupement interprofessionnel des produits avicoles et cunicoles a pris en charge l’excédent de production par le biais du stockage et de l’abattage.
A titre d’incitation, le Groupement a augmenté, à cette fin, les frais d’abattage de 350 millimes à 487 millimes le kilogramme, et ceux du stockage de 50 millimes à 56 millimes le kilo.
Autre mesure, le Groupement a décidé de réviser à la baisse les projections de production, pour 2011, de 110 mille tonnes à 105 mille tonnes, et ce à travers la réforme anticipée des reproducteurs de chair et la ponction des œufs à couver.
S’agissant des œufs de consommation, il a été décidé de stocker 20 millions d’unités qui seront acquises par le Groupement au prix de 110 millimes l’unité.
Dans cette optique, il sera procédé à la réforme anticipée des poules pondeuses. A cet effet, le groupement achètera les poules au prix de 1,2 dinar l’unité à des fins d’abattage et de stockage.
Les exportateurs sont invités à exporter 100 mille poules pondeuses abattues en contrepartie d’une prime de 200 millimes pour chaque poule exportée.
Par delà ces mesures correctives, les faiblesses de la filière demeurent les mêmes mais peu de parties se démènent pour les remédier.
Sur ce dossier, Mabrouk El Bahri, président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) estime que «le talon d’Achille de cette filière réside dans sa dépendance de l’étranger dans la mesure où il importe l’essentiel de ses accessoires (vaccins, matières premières, soja….), l’équivalent de 70% du coût de l’élevage». Conséquence, selon M. El Bahri, «cette branche d’activité est exposée aux fluctuations des cours mondiaux lesquelles ne sont pas répercutées sur les prix locaux».
La solution de cette problématique consiste à identifier des aliments locaux alternatifs et ne plus dépendre des marchés extérieurs à vocation spéculative.
La profession estime quant à elle que «le temps est venu pour dépasser le système des quotas et pour libéraliser le secteur».
Pour sa part, Abdessalem Mansour, ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, affirme que la filière devrait se restructurer profondément mais progressivement, au cours des années à venir. Dont acte.