C’est à la faveur d’une table ronde organisée la semaine dernière par Tunitech et A4Content à l’intention des jeunes développeurs d’applications mobiles que la question du m-tourisme en Tunisie s’est imposée. A l’heure où le tourisme tunisien s’apprête à renégocier son déploiement sur la Toile, dans le monde les comportements des consommateurs de tourisme sont en train de changer encore et encore.
Le «touristonaute» est en train de laisser place au m-touriste. Un touriste qui a un téléphone intelligent (smartPhone) sur lui. Un client qui a, d’une certaine manière, toutes les destinations qu’il souhaite sur son portable. Ces changements devront s’appuyer sur une prochaine vague d’applications liées aux voyages qui est en train de s’abattre sur l’industrie touristique. Quel en est le potentiel? Le marché tunisien se prépare-t-il à y répondre? Est-il conscient des prochaines mutations qui semblent se mettre en place?
m-tourisme, Internet mobile, téléphonie mobile… Il n’y a pas que les mots qui sont à la mode. La technologie aussi est à la pointe. Si on parle désormais de «mobinautes», c’est parce que leur nombre ne cesse d’augmenter. Les spécialistes parlent carrément d’une autre révolution. Comme si celle liée à Internet n’en était qu’une première étape.
Pour comprendre les enjeux, il y a d’abord les chiffres. Eloquents, ces derniers affirment que plus de 3,3 milliards d’individus possèdent un téléphone cellulaire dans le monde, soit 49% de l’humanité (Union internationale des télécoms/2007). Ce chiffre a alors atteint 4,6 milliards à la fin de l’année 2009.
Si 1/3 de l’humanité est connecté au Net, celle-ci n’est pas égale devant les smartPhones. Pourtant, ces données attestent que l’ère du m-marketing et du m-commerce sont bel et bien là. Bien plus qu’un outil de communication, le téléphone intelligent répondra à tous les besoins de divertissements, de cultures, de transactions… Avec lui, on achète, on vend, on s’informe, on paye, on voyage…A vec un taux d’adoption de 80% dans les pays industrialisés, l’autoroute d’un nouveau tourisme est toute tracée.
D’ailleurs, selon Voyages et Technologies, «la Commission européenne voudrait voir réduites à néant d’ici 2015 dans les 27 pays de l’Union les différences de coûts de roaming et de téléchargement de données. Cette proposition va évidemment dans le sens du développement des services touristiques mobiles». L’industrie touristique planche bien évidement sur les innovations à mettre en place pour créer, absorber et orienter la demande. Les spécialistes parlent de transformation au niveau des services touristiques et des métiers du tourisme.
Des expériences attestent que dans certaines chaînes hôtelières, on ne fait plus de «check-in» au desk d’une réception, pas plus qu’on ne fait la queue pour payer sa facture. Le client fait tout par téléphone. Il répond aux fiches d’appréciation via son mobile et via son code, on sait s’il est végétarien ou non. Encore à l’essai, certaines compagnies aériennes testent un système proche des codes à barre pour remplacer les cartes d’embarquement. Grâce à la géolocolisation, on peut déjà vous proposer tourtes les informations susceptibles de vous intéresser, en vous proposant «what’s around»? La suite est à venir…
Pour le moment et nous concernant, la question qui reste en suspens est celle de savoir si le développement des applications mobiles est une actualité en Tunisie, sachant que pour le marché local, leur nombre reste confidentiel. Selon Foued Marzouki, expert internationale en Entreprise Système Management, «il faut d’emblée considérer le développement d’applications génériques que des compagnies tunisiennes pourraient exporter… Et considérer également des applications portables, abstraction faire du type de «smartPhone». Un double avantage à cette vision… Des rentrées de devises pour la Tunisie, la diffusion de l’expertise tunisienne afin d’attirer les investisseurs étrangers et dynamiser le marché de l’emploi…».
L’export est un vrai potentiel et un vecteur de développement conséquent. Un jeune a développé une application Iphone pour le Metro en Tunisie. Alors que certains rient, d’autres apprécient. Si le nombre des propriétaires d’Iphone qui prennent le métro reste minime, il pourrait exploser si les millions de touristes quittaient les plages de sable fin au profit d’une activité touristique nettement plus épanouissante pour le pays.
A l’heure où l’ouverture du ciel tunisien se confirme, des touristes individuels seront bientôt dans notre pays pour s’y divertir, découvrir et consommer. Jusqu’ici la destination a fonctionné sur du gros et des groupes. Il est urgent d’anticiper l’arrivée des FIT. Il est urgent, aussi, d’anticiper leurs demandes pour savoir y répondre.