à face à Athènes le 15 décembre 2010 (Photo : Aris Messinis) |
[15/12/2010 13:07:45] ATHENES (AFP) Un député a été molesté par la foule mercredi à Athènes lors de manifestations émaillées d’incidents assez violents qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes en Grèce contre les réductions de salaires et les nouvelles mesures d’austérité prévues en 2011.
Des affrontements se poursuivaient en début d’après-midi entre la police et des centaines de militants d’extrême gauche ou anarchistes non loin du Parlement grec, en plein centre d’Athènes, au milieu de nuages de gaz lacrymogènes et de fumées d’incendie après des mises à feu de voiture et des destructions d’abri-bus, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Alors que le pays tourne au ralenti depuis minuit en raison d’une grève générale de 24 heures, un député et ancien ministre de droite, Costis Hadzidakis a été molesté à Athènes, avant d’être mis à l’abri par les forces de l’ordre tandis que les manifestants criaient “voleurs, voleurs” devant le Parlement.
évite une explosion pendant une manifestation à Athènes le 15 décembre 2010 (Photo : Aris Messinis) |
Au total, quelque 20.000 personnes ont manifesté dans la capitale selon la police, ainsi qu’à Salonique, où des gaz lacrymogènes ont également été utilisés, selon les médias locaux.
La banderole de tête du principal cortège à Athènes portait l’inscription: “Ca suffit, on ne supporte plus”. Parmi les slogans on relevait surtout des attaques contre l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) qui ont réclamé de nouvelles mesures d’austérité dans le budget 2011 pour poursuivre l’assainissement budgétaire du pays en état de quasi-faillite au printemps, mais loin d’être terminé.
“L’histoire s’écrit dans la rue: FMI-UE, allez vous faire voir”, indiquait une banderole, tandis qu’une autre proclamait “A bas la Junte” en établissant un parallèle avec la dictature militaire connue par la Grèce dans les années 1970.
D’autres slogans s’attaquent aux lois tout juste votées au Parlement dans la nuit qui libéralisent le marché du travail et permettent des réductions de salaires dans le secteur privé, après celles déjà décidées au printemps pour les fonctionnaires: “la loi c’est le droit des salariés et non pas les bénéfices des capitalistes”.
Ellada Christodoulou, 50 ans, avocate, a indiqué à l’AFP être venue manifester “par solidarité”. “Je crois que toute la population grecque doit se soulever car il s’agit d’une suppression du droit du travail, c’est une lutte pas seulement en Grèce, mais dans le monde entier”.
éviter les gaz lacrymogènes à Athènes le 15 décembre 2010 (Photo : Aris Messinis) |
Sur sa pancarte, elle avait écrit “Défaut de paiement maintenant” pour demander à ce que la Grèce cesse d’accepter l’aide financière du FMI et de l’Union européenne (en échange de mesures d’austérité) et choisisse plutôt de restructurer sa dette.
Les secteurs les plus touchés par la grève générale, la septième de l’année, sont ceux des transports, les 400 vols prévus au départ ou à l’arrivée de l’aéroport d’Athènes ayant été annulés. Tous les ferries ralliant les îles sont restés à quai également, tandis qu’une grève de 24 heures des journalistes privait le pays d’informations.
La grève touche aussi les écoles, hôpitaux, tribunaux, banques et grandes entreprises publiques. Une série de syndicats professionnels, dont ceux des pharmaciens et ingénieurs civils, visés par un projet d’ouverture de leurs métiers à la concurrence, ont appelé leurs adhérents à rallier le mouvement.
Les réformes sont réclamées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international comme préalable au déblocage prévu en février de la quatrième tranche de 15 milliards, du prêt de 110 milliards d’euros consenti au pays en mai.