Zone euro : un Fonds de secours seulement en dernier recours

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ère allemande Angela Merkel lors de son arrivée à Bruxelles, le 16 décembre 2010 (Photo : Georges Gobet)

[16/12/2010 16:03:24] BRUXELLES (AFP) Le gouvernement allemand a insisté jeudi pour que le Fonds de secours financier permanent pour les pays de la zone euro, qui doit être mis sur les fonts baptismaux lors d’un sommet de l’UE à Bruxelles, ne puisse être activé qu’en “dernier recours” afin d’éviter des abus.

Berlin plaide depuis plusieurs jours pour que le texte qui doit être agréé lors du sommet des dirigeants européens sur les contours du mécanisme de crise précise bien ce point, afin d’en éviter une utilisation abusive.

Peu avant la réunion, le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires étrangères, Werner Hoyer, a expliqué devant la presse que s’il n’exigeait pas que les mots “ultima ratio” (dernier recours) figurent dans le document, il espérait que l’idée soit préservée.

“Je n’ai pas dit que j’attendais que les mots soient dans le texte, j’attends que l’idée soit dans le texte”, a-t-il insisté lors d’une conférence de presse du mouvement des Libéraux-démocrates européens.

A ses yeux, l’accord du sommet doit inclure “l’idée générale” avant tout recours au mécanisme “que nous avons épuisé nos (autres) moyens, et que si vous n’agissez pas vous détruisez le système”, a-t-il ajouté.

Les partenaires européens de l’Allemagne sont très réservés à l’égard de cette clause restrictive et les Allemands devront batailler dur pour l’imposer, a reconnu un haut responsable allemand.

L’idée rencontre de fortes résistances “notamment dans le sud de l’Europe, et en Belgique”, a-t-il admis. Ces pays redoutent que cela n’affaiblisse l’efficacité du dispositif.

A son arrivée au sommet européen, le Premier ministre belge Yves Leterme, dont le pays occupe jusqu’à la fin du mois la présidence tournante de l’UE, s’est dit “ouvert aux débats autour de la table”.

Mais il a en même temps estimé que plutôt que d’intervenir en dernier recours, le Fonds devrait pouvoir être sollicité “au bon moment”, comme cela a été le cas cette année pour la Grèce et pour l’Irlande.

“L’intervention du fonds le cas échéant doit venir au juste moment, au moment exact où il est nécessaire. Et dans le cas d’espèce, en ce qui concerne la Grèce et l’Irlande, cela a été fait de façon solidaire et nous sommes prêts à répéter la même chose pour d’autres pays”, a-t-il précisé.

En l’état, le projet de déclaration finale de l’UE sur le sujet souligne seulement que “l’octroi d’une assistance financière via ce mécanisme devra être sujette à de strictes conditionnalités”.

“Si quelqu’un demande l’unanimité, on va en parler”, a aussi souligné M. Leterme en allusion à une autre revendication allemande, celle que la décision d’activer le mécanisme soit prise avec l’accord de tous, pour éviter de se faire forcer la main.

L’Allemagne a néanmoins renoncé à une référence explicite à ce point, selon une source gouvernementale allemande. Pour M. Leterme, il faut “rendre possible à l’avenir des décisions de façon efficace et flexible”.

Les dirigeants européens se retrouvent jeudi en fin d’après-midi à Bruxelles pour un sommet destiné à doter la zone euro des moyens de résister durablement aux crises financières.

Concrètement, la réunion doit permettre d’engager un changement limité du traité en vigueur en Europe pour créer le mécanisme permanent de solidarité financière pour la zone euro.