Dans l’ensemble, les services, dont le taux de valeur ajoutée est indéniable, avec une croissance annuelle moyenne de 5,9%, contribuent à hauteur de 59% du PIB tunisien, un niveau élevé par rapport à la moyenne des pays à revenu intermédiaire (53%) mais très inférieur à la zone Euro où le secteur représente en moyenne 70% du PIB. Ce qui nécessite donc, indique une étude de la Banque mondiale “l’Intégration mondiale de la Tunisie: une nouvelle génération de réformes pour doper la croissance“, l’introduction de réformes ciblées, le renforcement du système d’innovation, l’adoption de nouvelles technologies et l’amélioration de l’environnement des entreprises via la simplification des procédures, l’élimination des autorisation préalables, la mise en ligne du registre du commerce et la consolidation de l’effectivité du conseil de la concurrence.
En matière d’embauche, les services marchands (hôtellerie, restauration, transport, communication, finances) absorbent 38,8% de l’emploi total en Tunisie, alors que l’administration publique assure 22,9%, des recrutements recensés en 2009. Depuis quelques années, les exportations d’offshoring liées aux NTIC (centres d’appels), des services de santé et d’éducation connaissent une hausse palpable, mais leur taille, indiquent certaines statistiques, demeurent encore faible pour peser, d’une manière significative, sur les données macroéconomiques.
Au fait, toutes les études s’accordent à montrer que l’accroissement de la productivité et l’atteinte de taux de croissance supérieur à 6%, dans les années à venir, restent tributaires des progrès réalisés en matière de réformes d’ouverture, d’intégration et d’innovation. D’ailleurs, à cet égard, le gouvernement tunisien a mis en œuvre, de 2009 à 2010, avec le soutien de la Banque mondiale, l’Union européenne, et la Banque africaine de développement (BAD), un Programme d’appui à l’intégration à hauteur de 600 millions de dollars, afin d’améliorer le climat des affaires, de renforcer la rationalisation des procédures liées à l’import et à l’export et de booster la capacité du secteur financier à soutenir le marché de la micro-finance, le développement du capital-risque et les fonds de placement réglementés.
L’objectif des pouvoirs publics en Tunisie, affirme une source au ministère du Commerce, est donc d’accroître la part des services marchands dans le PIB national de 48% actuellement à 57% à l’horizon de 2016. Ce qui nécessite un redéploiement des responsabilités entre les ministères et les agences techniques, une meilleure circulation de l’information au niveau des acteurs sectoriels et un renforcement du statut du Conseil national des services (CNS), érigé en une unité de gestion par objectif, dont le rôle, à l’heure des négociations sur la libéralisation du secteur avec l’Union européenne, est de fédérer les différentes initiatives liées à la réalisation du plan d’action de réformes du gouvernement, arrêté avec les partenaires internationaux de la Tunisie.
La libéralisation des services atténue les faiblesses structurelles du commerce extérieur
Par ailleurs, indiquent certains experts, bénéficiant de l’expérience positive des politiques d’accompagnement mises en place tant au niveau macroéconomique (programme d’ajustements sectoriels), méso-économiques (création d’institutions comme le CEPEX ou les centres techniques) que micro-économiques (Programmes de mise à niveau des entreprises), la libéralisation du secteur des services et son développement sont en mesure d’atténuer les faiblesses structurelles du commerce extérieur tunisien, de favoriser l’émergence de nouvelles niches de croissance, de réduire le déficit de la balance courante, d’approfondir l’intégration des biens, par la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires et de contribuer ainsi à la création d’emplois qualifiés.
Finalement, sur la base des travaux de la Banque mondiale, la Tunisie gagnerait à permettre plus d’investissements privés et étrangers dans le secteur et à assouplir la condition voulant que les partenaires dans le secteur juridique et comptable soient locaux, afin de dynamiser les exportations, de saisir les opportunités liées au développement technologique dans les principaux centres marchands de la planète et de s’approprier les synergies possibles entre les importations du Mode 3 (accepter des IDE dans un secteur) et les exportations du Mode 1(exportation d’un service sans déplacement).