Brian, des rêves brisés par la crise irlandaise

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à Dublin, le 7 décembre 2010 (Photo : Peter Muhly)

[17/12/2010 09:52:09] DUBLIN (AFP) Brian Condra a remisé ses rêves: les premières vacances familiales depuis 2007, la construction d’une extension pour la maison. La crise irlandaise en a décidé autrement.

“Noël va être dur”, témoigne ce brancardier de 39 ans, marié à une infirmière. “Il va falloir choisir entre habiller les enfants et leur offrir des jouets”.

La cure d’austérité du gouvernement irlandais l’a directement affecté: son salaire annuel net stagne à 26.000 euros (24.000 après l’épargne retraite) au lieu des 28.500 euros sur lesquels il comptait, avant l’augmentation des impôts et des taxes, conséquence directe de la quasi faillite du système bancaire irlandais.

Il y a cinq ans, avant l’explosion de la bulle immobilière, les Condra ont acheté une modeste maison datant des années 40 à Drogheda, au Nord de Dublin, pour 190.000 euros.

Il rembourse actuellement 884 euros par mois, mais certains mois, les remboursements ont grimpé jusqu’à 1.200 euros, du fait de l’envolée des taux d’intérêt, et il s’attend à ce qu’ils grimpent de nouveau.

“Avec nos salaires, nous ne pourrions plus faire face. Cela devient extrêmement serré”, constate-t-il. “Si les taux d’intérêts augmentent, on est mal, c’est une véritable menace”.

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écembre 2010 (Photo : Peter Muhly)

Brian ne veut pas réemprunter à “un requin du crédit”. “On va économiser chaque sou, j’ai été élevé dans des temps austères, où ne pas rembourser ses dettes était un déshonneur”.

Mais il se dit “terrifié à l’idée de se retrouver en défaut de paiement, et de perdre la maison”.

Avec trois jeunes enfants – trois, cinq et six ans – et un emprunt à rembourser pour sa maison, Brian désespère de joindre les deux bouts à la fin du mois.

Il se souvient du temps pas si lointain où il envisageait de construire une extension à la maison “pour les enfants”. “On a laissé tomber quand le gouvernement a décidé les mesures d’austérité, et maintenant, on se dit qu’on n’aura peut-être même plus de maison!”

Le Parlement irlandais a donné mercredi son feu vert au plan de sauvetage international contesté par l’ensemble des partis d’opposition, mais que le gouvernement en sursis a présenté comme la seule issue à la crise financière et budgétaire qui secoue l’île.

“Ce gouvernement est pathétique, il nous a vendus”, fulmine Brian. “On se sent trahi. Nous sommes dans une Irlande qui n’est plus maîtresse d’elle même. Ils ont détruit mon pays”.

Le plan international s’accompagne d’un nouveau tour de vis budgétaire, avec entre autres, des suppressions d’emplois publics, une baisse des dépenses, notamment sociales, et une hausse des impôts et taxes.

“J’ai envie de faire un paquet cadeau avec tout ça pour le ministre des Finances Brian Lenihan, et que celà lui explose à la figure quand il l’ouvre”, lance-t-il.

“J’ai grandi dans les années 80, où c’était un rêve inaccessible de sortir de la pauvreté. On est revenu exactement au même point. Je suis incroyablement en colère”, dit-il, amer.

Brian et sa femme Rosie, 37 ans, sont un couple “fort”, dit-il, “mais celà nous met une pression incroyable, on passe beaucoup de temps à se ronger les sangs”. Et de rapporter le cas d’amis qui se sont séparés au milieu de difficultés économiques. “Le gouvernement porte une reponsabilité dans ces divorces”, tranche-t-il.