ésident de la Commission européenne, José Manuel Barroso (G), et le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, le 17 décembre 2010 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[17/12/2010 12:33:59] BRUXELLES (AFP) Au terme d’une “année noire” sur le front économique, l’UE a doté la zone euro d’un Fonds de secours durable face aux crises financières mais les marchés restent en embuscade car des questions clés restent en suspens.
Plus de six mois après le sauvetage de la Grèce et juste après celui de l’Irlande, les dirigeants de l’Union européenne réunis en sommet ont mis sur les rails jeudi soir un mécanisme d’entraide financière durable pour permettre à la zone euro de mieux résister aux crises.
Il s’agit d’une innovation importante, qui aurait été impensable il y a quelques années encore.
Pour y parvenir, l’UE a décidé de modifier le traité de Lisbonne, qui la régit, afin d’autoriser explicitement les pays de l’Union monétaire à créer un dispositif de solidarité financière entre eux. Et ce à la demande de l’Allemagne.
Echaudée par la crise grecque au printemps, l’Europe a déjà mis en place un Fonds de secours provisoire de 440 milliards de garanties des Etats, qui expirera mi-2013, dans le cadre d’un dispositif plus large de 750 milliards d’euros en incluant le FMI et l’UE.
Pour lui succéder, il a été décidé de mettre en place le dispositif permanent, afin de rassurer les marchés sur la capacité de réaction de la zone euro, alors que l’Espagne ou le Portugal apparaissent désormais vulnérables.
Principale nouveauté: les banques et fonds privés détenteurs de dette publique pourront contribuer au sauvetage d’un pays en faillite, au cas par cas.
Les dirigeants européens se sont dits prêts aussi jeudi à “faire tout ce qui est nécessaire pour garantir la stabilité de la zone euro”.
ère allemande Angela Merkel, le 17 décembre 2010 à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
Mais ils ne se sont pas prononcés sur une éventuelle augmentation des ressources des Fonds de soutien actuel et à venir, se contentant de promettre un “soutien financier adéquat” au dispositif qui existe aujourd’hui.
Le Fonds permanent aura des ressources “suffisantes”, a assuré vendredi la chancelière allemande Angela Merkel.
En parallèle les Européens ont entrepris de durcir leur discipline budgétaire commune, avec des sanctions renforcées et plus rapides contre les Etats laxistes. Et Berlin et Paris notamment plaident pour rapprocher les politiques économiques des différents pays, fiscales notamment.
Les marchés restent toutefois à l’affût. Ils sont inquiets de la possible contagion de la crise à d’autres pays.
“Les dirigeants européens apportent une réponse aux crises futures, mais pas à l’actuelle”, a estimé Carsten Brzeski, économiste chez ING.
Les dirigeants “ne répondent pas au problème immédiat”, a renchéri auprès de l’AFP Peter Boone, chercheur associé de la London School of Economics.
“C’est une nouvelle occasion ratée pour rassurer les marchés”, a jugé également Frank Engels, économiste chez Barclays Capital.
“Nous pensons que les marchés financiers risquent d’être déçus par le manque marquant de détails concernant les dispositions techniques du Mécanisme européen de stabilité”, a-t-il ajouté.
Certains responsables européens ont notamment proposé de créer des “euro-obligations”, des emprunts d’Etat communs pour mutualiser les risques entre pays et protéger les plus faibles. Mais le sujet a été écarté par les dirigeants pour l’instant.
L’annonce faite par les dirigeants “risque de ne pas calmer les pressions sur les marchés obligataires des pays périphériques”, estime aussi Jonathan Loynes, de Capital Economics, qui la juge “typiquement vague”.
Pour Jean-Dominique Giuliani, qui dirige la Fondation Schuman, un centre de réflexion sur l’Europe, les dirigeants “doivent prendre des décisions plus rapides et faire preuve de plus de clarté, de courage, d’audace et de vision”.