Cinéma ou télé, comment donner du relief à un écran plat?

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à Paris (Photo : Emmanuel Glachant)

[17/12/2010 17:52:03] PARIS (AFP) Popularisé par le succès d’Avatar, le cinéma en trois dimensions envahit peu à peu les salles françaises, et même les téléviseurs commencent à succomber à la fameuse “3D”. Mais par quels procédés donne-t-on actuellement du relief à un écran plat ?

– La 3D n’est qu’une illusion !

L’être humain n’est pas capable de réellement “voir” en trois dimensions.

Notre cerveau se contente de recevoir simultanément une image de l’oeil droit et une seconde de l’oeil gauche. Pour les interpréter, il synchronise ces deux images, légèrement décalées, pour n’en former qu’une seule. C’est de là que naît la perception du relief et de la profondeur.

Raison pour laquelle un borgne a une mauvaise appréciation des distances.

– Les borgnes privés de 3D

Un borgne n’a malheureusement aucune chance de voir un film en 3D. Car au cinéma comme à la télévision, la 3D utilise la même technique pour “tromper” le cerveau et lui donner l’impression du relief: faire en sorte que chaque oeil du spectateur ne reçoive que l’image qui lui est destinée.

C’est le rôle dévolu à ces étranges lunettes que nous sommes obligés de porter, devant le petit ou le grand écran.

– L’anaglyphe, ou les célèbres lunettes en carton bleu et rouge

C’est la technique la plus ancienne et la mieux connue. La première projection publique payante utilisant l’anaglyphe (“bas-relief” en grec ancien) est signalée dès 1915 à New York.

Elle repose sur le fait qu’une image est composée de trois couleurs complémentaires: le rouge, le vert et le bleu (“RVB”). On applique un filtre rouge sur la scène filmée avec “l’oeil gauche” de la caméra et un filtre vert et bleu (“cyan”) sur l’image de droite. Il suffit alors de superposer les deux images pour n’en faire qu’une seule. Le flou observé à l’oeil nu sur l’écran est lié au décalage de 65 mm entre les deux objectifs lors de la prise de vue.

Les lunettes servent à dissocier l’image: l’oeil gauche du spectateur ne verra que le rouge de la scène et l’oeil droit le cyan. Le cerveau recevant une image différente par oeil, il fera la synchronisation et créera lui-même l’effet de relief.

– La projection polarisée

Le principe est le même que dans l’anaglyphe et passe là encore par des lunettes, dites “passives”.

Au lieu de séparer l’image en rouge et cyan, la dissociation est ici obtenue par polarisation: le rayonnement électromagnétique de la lumière est orienté dans l’espace à l’aide d’un filtre. Le filtre du projecteur correspondant à l’oeil gauche oriente la lumière dans un sens (horizontalement par exemple) tandis que celui pour l’oeil droit l’oriente dans un autre (verticalement).

Les lunettes sont équipées de deux verres polarisés, orientés eux aussi différemment l’un de l’autre. Ils ne laisseront donc passer qu’une seule des deux images projetées.

Le cerveau recevant simultanément une image différente pour chaque oeil, il fera le travail pour créer le relief.

Dans ce cas, l’écran de cinéma doit être spécialement traité pour ne pas altérer la polarisation des images.

– Les lunettes “actives”

Plus lourdes et plus chères, les lunettes “actives” font l’essentiel du travail. Le projecteur émet en alternance une image gauche, puis une image droite, et ainsi de suite, à raison de 144 images par seconde (72 pour chaque oeil).

Les verres de ces lunettes sont composés de cristaux liquides qui vont obturer l’oeil gauche lorsque l’image de droite est projetée et inversement. L’opération ne dure qu’une fraction de seconde et se renouvelle si vite que l’oeil humain, qui ne distingue qu’environ 24 images par seconde, ne s’aperçoit de rien.

Mais le cerveau, lui, reçoit bien deux images différentes et crée le relief.

L’obturation alternée des lunettes est commandée à distance par un émetteur infrarouge situé sur le devant de la salle. Cet émetteur assure la synchronisation entre le projecteur et les lunettes, dotées d’un capteur entre les deux yeux et alimentées par une batterie ou des piles, d’où leur poids.

Ce procédé permet d’utiliser un écran classique, non traité. C’est l’autre technique utilisée pour les téléviseurs.