Danse de Tango, commentait un blogueur en parlant des hauts et des bas des prix des céréales à l’échelle mondiale. Les fluctuations des cours de céréales auraient même poussé des pays comme la Tunisie à réfléchir sérieusement à libéraliser leur importation. La production nationale ne suffit plus à satisfaire des besoins de plus en plus croissants et la tendance est plutôt à une hausse de la compensation et du déficit budgétaire!
La Tunisie ne retrouvera pas de sitôt sont statut de grenier à la lumière des taux de productions réalisés ces dernières années. La récolte de 2009, considérée comme bonne, avait atteint le 1.353,6 tonnes de blé dur et un peu plus de 300,1 tonnes de blé tendre. Quant aux superficies cultivées pour la production des céréales, elles ont rétréci comme peau de chagrin, passant de 856,6 ha en 2006 à 664,4 en 2009 pour la culture du blé dur, et de 143,2 ha à 121,6.
Urbanisation rampante? Déclassement des terres agricoles en faveur d’autres activités ou spéculation? Toujours est-il que le rétrécissement des terrains agricoles conjugué à la flambée des prix des céréales à l’échelle planétaire et au déficit qui affecte la présente saison contraindra un pays comme la Tunisie à importer deux millions de tonnes de céréales au début de l’année prochaine, la production suffira uniquement à couvrir la consommation.
Rappelons que l’Office tunisien des céréales avait récemment acquis 92.000 tonnes de blé tendre toutes origines au prix unique de 179,00 dollars/tonne coût et fret. Les embarquements s’échelonneront du 20 décembre 2010 au 10 février 2011, et les céréales viendraient d’Ukraine.
Les céréales sont à ce jour compensées en Tunisie et administrées de la collecte à l’importation au stockage et jusqu’à la distribution. Elles revêtent un rôle socioéconomique capital car l’alimentation de la population est basée sur les produits céréaliers et leurs dérivés essentiellement le blé dur dans le nord et l’orge dans le centre et le sud du pays.
Le blé tendre, plutôt réservé aux centres urbains, a été de plus en plus introduit dans les habitudes de consommation des ruraux. L’urbanisation à outrance a également apporté de nouvelles habitudes alimentaires au niveau de la population ayant eu pour conséquence l’augmentation de la consommation du blé tendre, du riz et des produits à base de céréales, comme les biscuits et les pâtisseries.
Pas de scénarios de libéralisation à ce jour
Des scénarios plausibles, réalistes et efficients n’ont pas encore été mis en place pour la mise en marche de la politique de libéralisation de l’importation et de la commercialisation des céréales, car il s’agirait en premier lieu de déterminer un ensemble de critères alliant les spécificités techniques des produits à importer au rapport qualité/prix.
Une petite aération, par l’autorisation de l’importation d’une partie des besoins du pays en céréales serait possible. Quant au désengagement de l’Etat, il ne se fera pas dans les deux ou trois années qui viennent, cela pourrait intervenir progressivement, à moyen et long termes.
Rappelons à l’occasion qu’en 2008, le gouvernement tunisien avait prix la décision de libéraliser l’importation de l’orge et du blé fourragers par les opérateurs privés. Le but était d’assurer l’approvisionnement régulier des agriculteurs et particulièrement des éleveurs de ces produits.
D’après certains spécialistes, le risque de spéculation, touchant les produits céréaliers, en Tunisie, serait minime car l’Etat pourrait se désengager de l’opération d’achat des céréales en gardant la partie compensation. Plus que ça, il peut décider d’un seuil maximum des prix à la vente pour éviter tout genre d’abus de la part des opérateurs privés et gérer les opérations entre importateurs de céréales, stockistes, minotiers, distributeurs et grossistes… L’Office national des céréales aurait à fixer les quotas d’importation et à réguler le marché.
Il faut noter que les prix du blé tendre avaient atteint, en octobre 2007, le record de 433 dollars la tonne contre 215 dollars au début de la même année. Les experts internationaux avaient expliqué cette flambée des prix par un déséquilibre entre l’offre et la demande.
Aujourd’hui, les experts internationaux craignent le déclenchement d’une crise alimentaire d’envergure mondiale. Actuellement les cours de blé atteignent des niveaux records. Ces niveaux rappellent ceux atteints en 2008, et qui avaient causé des émeutes sociales incontrôlables dans plusieurs régions du monde.
D’après le dernier rapport de la FAO, la production céréalière mondiale de 2010 a été revue à la baisse pour s’établir à 2.238 millions de tonnes, soit 41 millions de tonnes de moins que les premières estimations. Selon les prévisions actuelles, l’utilisation mondiale de céréales dépasserait légèrement la production en 2010/11, ce qui porterait à une contraction de 2% des stocks mondiaux de clôture par rapport à leurs niveaux d’ouverture record sur 8 ans, et à une légère baisse du rapport stocks-utilisation.
Comment un pays comme la Tunisie pourrait-il éviter la crise alimentaire? Il y a quelques années, Pr Hassine Dimassi, estimait qu’au «vu de ses multiples contraintes naturelles (pluviométrie très irrégulière, fertilité médiocre de la majorité des sols, …), ou sociales (extrême émiettement des exploitations agricoles, faible maîtrise du savoir cultural, …), l’agriculture tunisienne ne peut tenir le coup sans le soutien de l’État».
La donne de 2010 changerait-elle cet état d’esprit?