S’ils estiment avoir bénéficié des politiques de l’UE, les Tunisiens ont des doutes quant à ses motivations réelles. C’est ce qui ressort d’un sondage effectué auprès du grand public et des leaders d’opinion.
Elle se déplace calmement, comme un éléphant: telle est l’une des associations souvent évoquées par les leaders d’opinion en Tunisie lorsqu’on leur demande à quel animal l’Union européenne pourrait être comparée, et pourquoi. Comme le disait l’une des personnes interrogées, l’UE «est imposante, mais sans agressivité, au contraire des États-Unis, que je comparerais à un lion». Parmi les autres associations fréquentes figuraient également, dans l’ordre, le lion, le tigre et le loup. Cette question –qui utilise une technique projective par associations, destinée à révéler les sentiments véritables des personnes interrogées– faisait partie d’une enquête financée par l’UE et visant à sonder la manière dont est perçue l’UE dans les pays partenaires de la Politique européenne de voisinage.
L’enquête –une étude préliminaire menée auprès de 100 leaders d’opinion suivie d’un sondage d’opinion auprès de 405 personnes issues du grand public– a permis de montrer que “la grande majorité des Tunisiens estime que leur pays entretient de bonnes relations avec l’UE et qu’il en a profité; elle révèle toutefois leur scepticisme quant aux motivations de l’UE et qu’ils doutent de sa contribution au processus démocratique en Tunisie“.
Bonnes relations
L’écrasante majorité des personnes interrogées juge de manière positive les relations de l’UE avec la Tunisie –91% du grand public et 95% des leaders d’opinion étant d’avis que leur pays entretient de bonnes ou d’assez bonnes relations avec l’UE (contre une moyenne de 91% des leaders d’opinion dans l’ensemble des pays de l’IEVP-Sud *). Un pourcentage singulièrement élevé –92%– des leaders d’opinion estime que la Tunisie a bénéficié des politiques de l’UE dans leur pays, un sentiment que partagent 56% des personnes interrogées issues du grand public.
Implication de l’UE en Tunisie
En ce qui concerne l’implication de l’UE en Tunisie, les sentiments sont toutefois plus nuancés. Seulement 60% des leaders d’opinion estiment que l’implication de l’UE dans leur pays est adéquate (contre une moyenne de 69% pour l’IEVP-Sud et 68% du grand public).
Les leaders d’opinion se montrent plus cyniques que le grand public; ils sont en effet seulement 32% (contre 61% du grand public) à penser que l’UE contribue à promouvoir la démocratie en Tunisie (contre 99% au Maroc; ce pourcentage est également nettement inférieur à la moyenne régionale de 63%). Ces pourcentages montrent qu’il y a là un énorme défipour l’UE étant donné l’importance que les Tunisiens attachent à la démocratie, une de leurs valeurs clés.
De la même manière, les Tunisiens ont des doutes quant aux motivations réelles de l’UE, 90% des leaders d’opinion étant d’avis qu’en aidant leur pays, l’UE entend surtout veiller à assurer sa propre prospérité –opinion partagée par 63% du grand public. Ces pourcentages reflètent l’opinion mitigée sur l’UE telle qu’elle ressort des associations projectives spontanées des leaders d’opinion: seulement 59% d’associations positives contre 41% d’associations négatives (contre 73% d’associations positives et 27% d’associations négatives en moyenne pour l’ensemble des pays de l’IEVP-Sud).
Connaissance de l’UE
Une grande proportion des leaders d’opinion tunisiens (72%) affirme avoir une bonne ou une très bonne connaissance de l’UE, même s’ils sont un peu moins nombreux à disposer de cette connaissance (68%). Il est intéressant de noter qu’ils sont moins nombreux à affirmer connaître l’UE que la moyenne régionale, alors que leurs connaissances sont en fait supérieures à la moyenne.
Côté grand public, environ deux tiers des personnes interrogées savent ce qu’est l’UE.
——————