Téléphones, mp3, tablettes : petits formats mais gros impacts sur la planète

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Une tablette iPad (Photo : Barbara Sax)

[18/12/2010 22:06:50] PARIS (AFP) Ils sont légers et se rangent discrètement dans une poche, mais les téléphones portables, lecteurs mp3, tablettes et autres joujoux électroniques, qui seront très présents sous le sapin de Noël, ont des impacts environnementaux qui, eux, ne passent pas inaperçus.

De leur fabrication, nécessitant l’extraction de minerais rares et générant des émissions de CO2 non négligeables, à leur fin de vie, soumise à des filières de recyclage encore insuffisamment utilisées, ces équipements au renouvellement intensif ne figurent pas sur la liste de Noël des défenseurs de l’environnement.

“Ce sont des appareils miniatures, qui ont l’air anodin, mais derrière, ce sont des impacts environnementaux colossaux: pour extraire de toutes petites quantités de insuffisamment, ce sont des hectares et des hectares de forêts et d’espaces naturels qu’il a fallu déboiser”, dénonce Annelaure Wittmann, des Amis de la Terre.

Et de citer l’exemple du coltan, minerai indispensable à la fabrication des téléphones portables, dont l’exploitation, en République démocratique du Congo, menacerait des populations de gorilles.

L’ONG avait ciblé au printemps l’iPad d’Apple en fustigeant “un effroyable gaspillage de matières premières” en dépit des garanties affichées par la marque à la pomme pour en réduire l’impact.

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à New York en octobre 2006 (Photo : Chris Hondros)

En termes de gaz à effet de serre, les achats d’équipements électroniques représente 6 à 7% des émissions annuelles d’un Français, dont plus de la moitié sont dues aux téléviseurs, selon Jean-Marc Jancovici, du cabinet Carbone 4.

Un poste “en augmentation de 7% par an” qui correspond uniquement à la fabrication des produits, pas à leur utilisation, précise-t-il.

Le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid) dénonce pour sa part “la stratégie délibérée” des fabricants de “forcer le taux de renouvellement” des appareils en réduisant leur durée de vie, en les rendant difficile voire impossible à réparer et en les soumettant au “diktat de la mode”.

“C’est vendu comme quelque chose qu’il faut avoir, on a l’impression qu’on ne peut pas s’en sortir sans iPhone”, se désole Hélène Bourges, chargée de mission au Cniid.

Ce taux de renouvellement important — tous les deux ans environ pour les téléphones portable par exemple — pose la question de la fin de vie de ces appareils, parfois délaissés alors qu’ils fonctionnent encore.

Ces équipements électroniques, dont certains composants peuvent être sources de pollution, ne doivent pas être mis dans la poubelle classique mais dans les filières de recyclage ad hoc, rappelle Christian Brabant, directeur général d’Eco-systèmes, l’organisme qui gère depuis 2006 la collecte de ces déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE).

Actuellement, seuls 30% environ des appareils mis sur le marché sont récupérés par cette filière (6,5 kg par habitant pour 22 kg de produits commercialisés en 2009).

“On s’aperçoit que les taux de retour des petits appareils sont assez faibles car ils sont soit gardés soit mis à la poubelle. La priorité, c’est de les emmener à la déchetterie ou de les ramener au distributeur”, explique-t-il.

Et pour ceux qui, malgré tout, voudront un nouveau smartphone à Noël, “on peut trouver du matériel d’occasion”, souffle Annelaure Wittmann, qui conseille aussi des cadeaux plus virtuels, comme un lot de chansons à télécharger légalement.