Etats-Unis : sous l’influence de l’ultra-droite, le Congrès cale devant les dépenses

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é républicaine qui prendra les commandes de la Chambre des représentants en janvier à Washington le 17 décembre 2010 (Photo : Mark Wilson)

[19/12/2010 09:55:06] WASHINGTON (AFP) Les ultra-conservateurs du Tea Party, moteur des républicains lors des élections législatives américaines du 2 novembre, ont fait sentir leur influence cette semaine au Congrès, avec l’enterrement d’une vaste loi de finance de plus de 1.100 milliards de dollars.

Sous la pression de la droite conservatrice, qui réclame moins de dépenses publiques, les républicains du Congrès s’étaient engagés au cours de la campagne électorale à réduire le budget fédéral de 100 milliards de dollars.

Faute de soutien républicain à la chambre haute, les chefs démocrates du Sénat ont donc dû renoncer à un projet de loi mastodonte, dit “Omnibus”, qui contient 12 projets de loi de finance pour les différents secteurs de l’administration pour 2011.

“Les Américains se sont prononcés et le projet de loi a été rejeté”, s’est félicité vendredi devant la presse John Boehner, le chef de la minorité républicaine qui prendra les commandes de la Chambre des représentants en janvier. Il s’agit de tailler dans les dépenses fédérales “aussi vite que possible” afin de les ramener au niveau de 2008, a-t-il réaffirmé.

Entre autres mesures, la loi Omnibus contenait le financement de la réforme phare du président Barack Obama sur la couverture maladie. Le Congrès va donc devoir plancher en 2011 sur une autre façon de financer la réforme qui garantit une couverture à plus de 30 millions d’Américains qui n’en n’ont pas.

Pour Thomas Mann, du cercle de réflexion Brookings institution, “les conservateurs voulaient une réduction substantielle des dépenses pour l’année budgétaire (2011). Le projet de loi Omnibus aurait empêché cela”.

“L’enterrement de ce projet de loi montre que l’élection a envoyé un message aux élus”, a dit à l’AFP John Pitney, du Claremont McCkenna College. “Beaucoup de sénateurs, des deux partis, ont eu peur d’un retour de bâton des électeurs s’ils votaient pour un projet de loi avec autant de mesures servant les intérêts particuliers”, a-t-il ajouté, précisant que selon lui “le Tea Party a enregistré une victoire”.

Plus de 6.600 mesures (“earmarks”) pour le seul bénéfice d’un élu et de sa circonscription, représentant environ huit milliards de dollars de dépenses, avaient été glissées dans le projet de loi Omnibus. Certaines étaient le fait de sénateurs républicains, dont le chef de la minorité du Sénat Mitch McConnell.

Les démocrates en ont profité pour dénoncer une certaine “hypocrisie” à leur yeux des républicains.

Les conservateurs ont rétorqué qu’ils s’en tiendraient à un moratoire sur les “earmarks” qu’ils ont adopté au sein de leur groupe en novembre.

L’abandon du projet de loi a une autre conséquence: il pourrait menacer la reconduction des finances du gouvernement. Mais les deux chambres devraient plancher dans les prochains jours sur un plan pour financer les services fédéraux au moins jusqu’en février.

En 1995, les républicains qui s’étaient alarmés de la dette avaient déjà contraint les services non-essentiels de l’administration à s’arrêter pendant plusieurs jours, afin d’éviter un défaut de remboursement qui aurait été catastrophique pour l’économie.

En janvier prochain, un an après la dernière augmentation du plafond de la dette, le président Obama devra quémander un nouveau seuil de dette auprès du nouveau Congrès.

Or, en 2011, les ultra-conservateurs, qui estiment que le niveau actuel de la dette de 14.300 milliards de dollars est bien assez élevé, seront présents en force au Capitole.