Ingénieurs tunisiens : Qui est responsable de l’extinction des ingénieurs adjoints?

Alors que la 67ème édition du Conseil supérieur de l’Union des Ingénieurs
Arabes
, qui vient d’être clôturée à Hammamet, a décidé l’élection de la Tunisie
à la présidence de l’Union pour un mandat de deux ans en la personne de Ghoulam
Debbech, président de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT), c’est sur des
questions d’identité que nous avons interrogé M. Debbech.

En 2014, au moins la moitié des ingénieurs tunisiens doivent être membres de
l’Ordre selon une décision du chef de l’Etat. Il a raison car partout dans le
monde les grandes organisations professionnelles se mobilisent, serrent leurs
rangs, puisent au plus profond de leurs ressources pour imposer leur nom, leur
pratique et leurs compétences.

En Tunisie, c’est le contraire chez les ingénieurs! Avant 1982, les techniciens
et les ingénieurs étaient dans la même structure, dans une sorte de melting-pot
qui a enrichi les uns et les autres et donné les compétences que nous
connaissons tous et qui se trouvent à tous les niveaux des rouages de la
technicité. Puis l’Ordre a été créé et les ingénieurs adjoints ont été exclus
alors que ce statut (issu, rappelons-le, de notre politique de l’enseignement)
devenait bloqué entre deux positions: les ingénieurs et les techniciens, il est
donc devenu ”bâtard” et personne n’en veut… alors qu’il est, de fait, la
meilleure expression de ce précieux acteur qu’est le cadre moyen; interface
entre la décision et l’exécution!

Une simple question: Ce statut d’ingénieur adjoint n’aurait-il pas pu être un
enrichissement du statut d’ingénieur, avec toutes les qualités de diversité et
d’ouverture que cela implique?

M. Debbech nous dit qu’il y a toute une panoplie de concours et de pourcentages
pour remettre ces ”proscrits” sur les bancs de l’école alors que les choses
ont pris une autre tournure avec les ISET, ISAT… Mais nous sommes tentés de
penser que c’est une simple approche de chasse gardée au moment où le devoir des
membres de l’Ordre est de prouver qu’ils sont vraiment capables de mobiliser
autour de leur profession tous ceux qui forment la chaîne de commandement
technique; de l’ingénieur au contremaître en passant par tous les autres degrés,
car c’est de la réussite de la communication entre ces niveaux et de la
confiance née de leur symbioses qu’explosent les créativités.