«Qu’envisagez-vous de faire à votre sortie de l’université? Regards lointains, inquiets presqu’apathiques. Les réponses ne fusent pas. Et en guise de réaction, c’est un silence embarrassé, angoissé que l’on observe sur les visages de ces jeunes étudiantes qui poursuivent des études à l’ISEAHZ (Institut supérieur des études appliquées en humanité de Zaghouan).
Les questions se font insistantes: Vos études vous destinent à quoi? Dans quel domaine pourriez-vous exploiter vos connaissances et vos acquis universitaires? Comment comptez-vous gagner votre vie dans une année ou deux? Y avez-vous réfléchi? Une …deux réponses timides: «Je compte travailler dans un call center…». Une autre: assistante de direction…
Consternation? Sentiment de désolation de la part des participants à la journée «Portes ouvertes» organisée récemment à Zaghouan pour faire connaître la pépinière d’entreprises abritée par le Campus et parler aux futurs diplômés des opportunités qui leur sont offertes pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Absence totale d’ambition. C’est à se demander à quoi servirait une pépinière d’entreprises dans un lieu où personne ne s’y intéresse. «Le découragement est la mort morale», disait la Rochefoucauld. Nos jeunes auraient-ils perdu leur capacité à rêver, à espérer pour n’envisager leur avenir que dans un call center?
Ce n’est pourtant pas faute d’efforts fournis par le jeune et dynamique directeur de l’ISEAHZ pour leur fournir les instruments nécessaires à leur accès au marché de l’emploi.
Les thématiques discutées lors de cette journée se rapportant au rôle de la pépinière dans son environnement universitaire et aux thèmes “être entrepreneur“: «Entreprendre écolo» et «Entreprendre au féminin» animés par des experts, des entrepreneurs et des universitaires ne semblaient pas avoir suscité un très grand engouement de la part d’une jeunesse apparemment totalement désillusionnée et passive.
«Nous faisons ce qui est en notre pouvoir pour les secouer, les rassurer sur leurs propres capacités et leurs aptitudes à acquérir du savoir, de l’expertise et de la compétence. Nous avons diminué la durée des stages pour consolider leurs formations en 3ème année et nous sommes en train de multiplier les ateliers et les rencontres avec les professionnels pour ouvrir leurs horizons». La Tâche n’est pas facile, car lorsqu’on arrive à l’université sans visions d’avenir, «paumé», le rôle du cadre enseignant devient plus difficile à gérer. Il faut travailler sur le mental et œuvrer à faire bouger un état d’esprit de passivité et d’assistanat.
La journée “Portes ouvertes“ à laquelle a participé activement l’API de Zaghouan, dirigée par Souheil Arfaoui, pour informer et sensibiliser au rôle de cet organisme dans le développement de l’entrepreneuriat représente une bonne occasion de communiquer directement avec les étudiants pour tous les intervenants qu’ils soient institutionnels, la déléguée économique du gouvernorat était présente, universitaires ou associatifs grâce à la présence de représentants du Centre des Jeunes dirigeants. C’est une initiative appelée à se renouveler. Car il s’agit d’un travail de longue haleine pour donner de l’espoir à des jeunes qui se voient déjà, comme ceux qui les ont précédés, chômeurs et sans perspectives sérieuses de se réaliser dans un travail qui réponde à leur profil ou dans un projet dans lequel, ils pourraient réussir. Il est de la responsabilité de tous de le protéger du désespoir, de l’inutilité et d’une oisiveté attendue et crainte dans un contexte socioéconomique dans lequel un diplômé du supérieur se voit plus facilement chômeur que porteur de projet ou futur cadre. C’est comme s’ils se jetaient à l’eau avant que la barque n’ait chaviré.