Nucléaire : course contre la montre pour EDF aux USA

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éaire à Clavert Cliff dans le Maryland (Photo : Ho)

[23/12/2010 14:56:50] WASHINGTON (AFP) EDF a laissé passer une chance de s’implanter dans le nucléaire aux Etats-Unis, où les perspectives de la filière atomique française se jouent désormais contre la montre, selon des informations obtenues par l’AFP auprès de plusieurs sources concordantes.

Depuis qu’il a perdu en octobre son partenaire Constellation, le groupe français clame son intention de trouver un associé américain pour sa filiale Unistar, afin de mener à bien son projet de construction d’un réacteur à Calvert Cliff, dans le Maryland (Est du pays).

Selon plusieurs sources au fait de la situation, EDF a cependant laissé passer une occasion unique en refusant une offre de garantie de prêt de 7,5 milliards de dollars présentée par le ministère américain de l’Energie (DoE) et nécessaire au financement de son projet.

Le DoE avait “proposé une lettre d’engagement conditionnelle sur Unistar mais les termes n’ont pas plu” à EDF, a-t-on indiqué de source gouvernementale.

L’offre du ministère ne liait pourtant aucune des deux parties définitivement et laissait de la place à la négociation.

Interrogé par l’AFP, un porte-parole du groupe français a indiqué que l’obtention d’une garantie de prêt restait “essentielle” pour la suite du projet, et qu’EDF conservait “l’objectif d’avancer dans ses décisions d’investissement si les bonnes conditions sont réunies”.

“EDF dit vouloir chercher un partenaire, mais en n’acceptant pas la garantie de prêt, il se prive du financement du projet, son principal atout pour trouver un associé”, fait remarquer un proche du dossier.

Le groupe français doit absolument trouver un actionnaire local pour Unistar car la loi impose que les sociétés exploitant des réacteurs nucléaires soient à capitaux majoritairement américains.

Mais la situation a changé depuis la victoire des républicains aux législatives de novembre. Selon plusieurs sources américaines, l’Etat est désormais soumis à une pression politique grandissante pour ne pas accorder de facilité de financement à EDF tant que celui-ci n’aura pas de partenaire.

Du côté du gouvernement, on dit être “optimiste” sur l’issue des discussions.

Même propos rassurants du représentant démocrate Steny Hoyer, numéro deux de la majorité à la Chambre basse, qui dit être convaincu de “l’engagement fort” du groupe français “à trouver des solutions aux défis” qui se posent au projet de Calvert Cliff, situé dans sa circonscription.

Un responsable gouvernemental américain a pourtant laissé entendre à l’AFP que les bons sentiments à l’égard du groupe français commençaient à s’estomper, et le temps presse. Une tentative de rallonger le montant total des garanties de prêt destinées à soutenir des projets de production d’électricité nucléaire aux Etats-Unis vient d’échouer au Congrès.

L’enveloppe budgétée reste donc de 18,5 milliards de dollars. L’Etat ayant déjà alloué 8,3 milliards de dollars à un projet américano-japonais en Géorgie (Sud-Est), il ne pourra aider à financer qu’un seul autre réacteur.

Or d’autres groupes courent après ses subsides, comme le producteur d’électricité américain NRG, dont le projet de réacteur Toshiba au Texas (Sud) constitue une “concurrence forte”, note un autre connaisseur du sujet.

L’enjeu dépasse la simple construction d’un réacteur à Calvert Cliff. Derrière se profile l’immense marché du renouvellement du parc nucléaire national (une centaine de réacteurs) devant commencer à l’horizon 2020.

Les électriciens américains prendront difficilement le risque de se lancer avec des constructeurs qui n’auront pas déjà fait leurs preuves en réalisant un réacteur aux Etats-Unis.

Pour EDF et le réacteur EPR mis au point pas le groupe français Areva l’équation est simple: construire Calvert Cliff ou prendre le risque de laisser le marché américain aux Japonais.