60 ans après sa création, le Bic Cristal reste indémodable

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élections régionales, le 14 mars 2010 à Saint-Saturnin (Photo : Thierry Zoccolan)

[24/12/2010 10:39:49] PARIS (AFP) Lancé en France il y a tout juste soixante ans, le Bic Cristal est indémodable : écoulé à plusieurs millions d’exemplaires chaque jour, ce stylo à bille transparent est devenu au fil des ans un objet culte, exposé au Musée d’art moderne de New York ou au Centre Pompidou de Paris.

“C’est plus qu’un produit, c’est un mythe qui raconte l’évolution d’une société”, s’enthousiasme Jean Watin-Auhouard, historien spécialiste des marques et des produits.

Au départ, pourtant, l’affaire est loin d’être gagnée. “Le baron Bich n’y croyait pas du tout”, résume M. Watin-Augouard. Aux yeux du créateur de Bic, les stylos billes –qui existent déjà– sont des “cochonneries qui tachent les vêtements”, s’amuse l’historien.

Mais le baron est persévérant. Après avoir racheté un brevet de stylo à bille mis au point par le Hongrois Laszlo Biro –dont le nom désigne toujours les stylos à bille en Angleterre aujourd’hui– Marcel Bich a une illumination en poussant sa brouette de jardin.

“Il s’est dit +la bille, c’est l’invention de la roue appliquée à l’écriture+”, raconte M. Watin-Augouard.

A partir de là, et après tout de même deux années de recherche, il met au point ce qui fera le succès du Bic Cristal : une encre idéale et une bille parfaitement ajustée au réservoir.

Sans avoir inventé le concept du stylo à bille, le baron Bich va le modifier au point de créer un concept toujours pertinent aujourd’hui, selon M. Watin-Augouard.

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érence de presse (Photo : ATTA KENARE)

“Ce concept est fondé sur l’accessibilité en termes de prix et en termes de proximité –il y a quand même trois millions de points de vente dans le monde; sur la qualité et la fiabilité — votre Bic, il fait deux kilomètres d’écriture; et sur la fonctionnalité”, résume l’historien.

Moyennement convaincu au départ, le baron Bich est finalement tellement séduit que pour la première fois, il donne son nom, le “h” en moins, à un de ses produits. Ce nom sera ensuite celui de la société dans son ensemble.

Au tournant des années 1950 et 1951, les premiers exemplaire du stylo sortent de l’usine en région parisienne et commencent à être distribués en France. Le succès est immédiat et 10.000 stylos sont écoulés chaque jour la première année, assure la société.

A l’appui de ses innovations techniques et ergonomiques (corps hexagonal et transparent) du stylo, la société va lancer de grandes campagnes de communication pour assurer son succès.

Symbole de ces campagnes, en 1960, le célèbre affichiste Raymond Savignac créé le personnage de l’écolier à tête de bille, qui est encore aujourd’hui l’emblème de la marque pour tous ses produits. A l’époque, c’est pourtant un paradoxe, puisque le stylo à bille est interdit jusqu’en 1965 dans les trousses des écoliers.

Très vite, le stylo, long de 14,7 centimètres et pesant 5,8 grammes, part à la conquête des marchés extérieurs : Belgique en 1951, Italie en 1954, Brésil en 1956, Royaume-Uni, Afrique du Sud et Océanie en 1957, Amérique du Nord en 1958.

Aujourd’hui, Bic assure que son produit star est distribué dans plus de 160 pays, où il s’en écoule plusieurs millions chaque jour.

Le Bic Cristal est toujours fabriqué aujourd’hui par la société française, dans ses propres usines dans le monde, sur des machines conçues elles aussi par Bic. L’entreprise conçoit aussi ses propres encres.