Oscillant
entre dimension religieuse et commerciale, Noël laisse une confusion tenter
notre esprit. On tâchera de démêler cette confusion à la veille où tous les
chrétiens –ou presque- du monde s’apprêtent à célébrer, sous les auspices d’un
froid contingent, cette fête.
On s’attardera par la même occasion sur la question de savoir si cette fête a
fait son irruption dans les foyers tunisiens.
Pour certains, Noël reste avant tout une fête religieuse commémorant la
naissance du Christ, pour d’autres, c’est l’occasion de se rassembler autour
d’un repas, d’échanger vœux et cadeaux. Quant aux plus dévoués, cette fête porte
le nom d’empathie, de bonté et de générosité donnant ainsi aux plus démunis le
droit de partager un bon dîner et prônant des valeurs communes.
Mais s’il y a un art dans lequel nous excellons et pour qui, circonstance
oblige, les grandes enseignes ont déroulé le tapis, c’est l’art de la
consommation.
Cette année encore les Tunisiens ne dérogent pas à la règle et succombent à la
tentation.
Voilà sur quoi notre regard s’est posé, vous l’aurez compris. Le phénomène
est tel que les grands magasins ont revêti leur plus beau costume pour
accueillir, comme il se doit, la fête de Noël qui, malgré le scepticisme de
certains, s’installe dans nos rites.
Un sapin gigantesque de 1,90 mètre arbore l’entrée d’un grand hypermarché où un
compartiment est spécialement aménagé avec une large panoplie d’accessoires
indispensables à la préparation, à l’instar de figurines à l’effigie du père
Noël proposées à 19,900 dinars et pouvant aller jusqu’à 49,900 dinars l’unité ;
des stikers avec des motifs de rennes ou de neige à 7,950 d, un lot de 16 boules
pour le sapin variant entre 4,900 et 6,990 d… à même de combler de joie les
enfants dispersés ici et là dans les rayons de l’hyper marché.
Une cliente nous confie que cette fête ne symbolise pour elle “aucune
connotation religieuse” et “qu’ils fêtaient déjà Noël tout petits puisqu’ils
étaient à l’école française… Pour nous, c’est l’occasion d’offrir des cadeaux
aux gens qu’on aime surtout aux enfants”, enchaîne-t-elle sur un ton spontané.
Force est de constater que Noël s’apparente tout au plus à un business lucratif
dans lequel les grands bénéficiaires sont les entrepreneurs/commerçants…
Les restaurants affichent complet, les hôtels aussi dont un à Zarzis qui s’est
distingué du lot sans doute par l’effet d’un compliment d’une jeune femme
américaine qui s’est estomaquée au moment de son entrée par une crèche qui
paradait au beau milieu du hall orné de quelques boules. Enthousiasmée par ce
qu’elle a vu, elle annonce au bout du fil à son interlocuteur: “il y a plus de
décorations de Noël que dans n’importe quel autre endroit que j’aie jamais
visité… c’est fou”.
Un travail minutieusement élaboré et affiné dans les moindres détails valant à
la Tunisie de se hisser à la première place des destinations les plus convoitées
par les Belges, par exemple, et de figurer à la 3ème place après l’Espagne et
l’Egypte dans le classement général.
Un magasin à Ennasr s’est même octroyé le privilège de convier le père Noël
accompagné d’un invité de prestige de la taille de 10,9 mm dernier modèle LG, un
KP à la pointe de la technologie équipé de touches conventionnelles dévoilées en
coulissant, d’une interface animée au démarrage et de touch pad, rien que ça.
Décidément, cette période de fin d’année s’avère l’une des plus fluctuantes en
termes de chiffres: elle réunit tous les motifs qui justifieraient l’affluence
que connaissent tous les grands commerces, comme si l’unique façon de faire ou
de se faire plaisir était d’acquérir des objets qui nous sont utiles ; objets
qui font tourner une machine particulièrement éprouvée par la succession de
célébrations –certes présentant toutes d’aspects différents pour chacun de nous
mais qui s’accordent toutefois sur un point: l’empire des grandes surfaces n’est
pas prêt de se restreindre.