La Bourse de Paris achève stable une année 2010 de tensions extrêmes

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à Paris, le 4 janvier 2010 (Photo : Eric Piermont)

[26/12/2010 09:40:10] PARIS (AFP) La Bourse de Paris va achever 2010 en quasi stabilité après 12 mois de tensions pendant lesquels le marché a joué à se faire peur et mis à rude épreuve les nerfs des investisseurs, qui espèrent un meilleur cru 2011 capable de récompenser enfin les résultats des sociétés.

A une semaine de l’ultime séance du 31 décembre, le CAC 40 a retrouvé vendredi le niveau des 3.900 points (3.900,39 points), à quelques encablures de sa clôture de fin 2009 (3.936 points).

C’est grâce à un rebond in extremis réalisé en décembre que le marché a pu retomber sur ses pieds. Au plus bas de 2010, le 25 mai, l’indice vedette perdait jusqu’à 15%.

Le bilan modeste de cette année tranche, après un gain de 22% en 2009. En 2008, année du déclenchement de la crise financière, la cote avait perdu 43%.

“De mémoire de boursier, on n’a jamais vu ça ! Un tel décalage entre les résultats des entreprises, somme toute très satisfaisants, et une performance boursière annuelle aussi modeste”, regrette Xavier de Villepion, vendeur d’actions chez Global Equities.

Cet apparent paradoxe trouve son explication dans les inquiétudes sur la solidité de la zone euro avec les crises de la dette en Grèce puis en Irlande, et la crainte, émergée dans le courant de l’été, d’une récession mondiale.

Les investisseurs en ont oublié les bonnes performances des sociétés. Pourtant les résultats se sont révélés souvent nettement meilleurs que prévu, grâce aux efforts de restructurations engagés après la crise financière pour s’adapter au nouvel environnement économique.

“Les résultats financiers étaient au rendez-vous mais pas les performances boursières”, soulignent à l’unisson les spécialistes.

“En fait, on peut caractériser 2010 comme un coup pour rien qui masque des évolutions extrêmes”, résume Philippe-Henri Burlisson, directeur des gestions fondamentales chez Groupama AM.

Pour Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia, “c’est une année de transition” qui a notamment prouvé que les résultats des entreprises sont de moins en moins le moteur du marché boursier.

Tous font preuve d’un optimisme mesuré et s’accordent pour prévoir un meilleur cru en 2011, avec un retour de la confiance après deux ans et demi de doutes sur le marché actions.

Plusieurs raisons à l’appui de ce sentiment, explique Philippe-Henri Burlisson : le niveau de valorisation des sociétés cotées est historiquement bas, les liquidités sont importantes, le marché obligations perd son rôle refuge et Paris a besoin de se rattraper par rapport aux autres grandes places plus performantes.

“Il paraît impensable que Paris reste à un tel niveau de sous-valorisation” notent les investisseurs, ajoutant que la plupart des entreprises vont continuer à afficher des taux de croissance. Selon un consensus de place, les résultats sont attendus en hausse de 15% en 2011 après près de 20% en moyenne en 2010.

Cela sera-t-il suffisant pour doper la Bourse sur l’ensemble de l’année ? Pas sûr, estime Frédéric Buzaré. Selon lui, une autre logique semble s’être emparée des marchés: les intervenants veulent des gages solides sur la pérennité de la croissance et commencent à s’inquiéter des déséquilibres croissants entre la performance des économies émergentes et celle des Etats-Unis ou des pays européens.

C’est aussi sans compter sur les mauvaises surprises qui peuvent s’inviter sur le marché.

Une autre interrogation, et non des moindres, demeure : le décalage entre les excellents résultats des sociétés et la situation de l’économie réelle avec un chômage toujours inquiétant.

La Bourse risque en outre d’être de plus en plus dépendante des décisions politiques qui, par nature, sont imprévisibles, une incertitude que les marchés détestent plus que tout.

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Euronext (CAC 40)