Bank of America : la menace WikiLeaks laisse Wall Street de marbre

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érieur de la Bourse de New York, le 22 avril 2010 (Photo : Chris Hondros)

[26/12/2010 09:44:49] NEW YORK (AFP) Bank of America se trouve au centre des conjectures depuis que WikiLeaks a menacé de s’attaquer à une grande banque américaine, jamais nommée, mais les analystes doutent que ces révélations soient suffisamment fracassantes pour ébranler l’établissement.

Les ennuis de la plus grande banque américaine ont commencé le 30 novembre après la publication par le magazine Forbes d’une interview de Julian Assange.

Le fondateur du site internet spécialisé dans la publication de documents confidentiels y affirme qu’il publiera début 2011 des éléments compromettants pour la direction d’une “grande banque américaine”, sans la nommer.

Aussitôt, les médias américains déterrent un autre entretien donné un an plus tôt par M. Assange, au magazine Computer World, où il affirmait détenir “5 gigaoctets de données provenant de Bank of America, du disque dur d’un de ses dirigeants”.

Ce jour-là, le titre Bank of America dévisse de plus de 3% à la Bourse de New York. Mais Wall Street a rapidement tourné la page. Depuis il s’est envolé de plus de 20%, profitant de l’engouement des investisseurs pour les valeurs financières en cette fin d’année.

Pendant ce temps, le ton est monté entre la banque et le site internet.

Bank of America a annoncé mi-décembre suspendre toutes les transactions destinées à Wikileaks, emboîtant le pas à MasterCard ou Visa.

Réplique du site internet, sur son fil Twitter: “Votre entreprise fait des affaires avec Bank of America? Nous vous conseillons de placer vos fonds dans un endroit plus sûr”.

Dans un entretien au Times mardi, Julian Assange, toujours sans citer de nom, a prévenu: “Si ses responsables agissent de manière responsable, il y aura des démissions”.

Interrogée par l’AFP, la banque a refusé de commenter ces déclarations.

“M. Assange a soigneusement orchestré la publication d’information pour obtenir des répercussions les plus fortes possibles”, a commenté dans une note à ses clients l’analyste financier Dick Bove, de Rochdale Securities.

“Il manoeuvre magistralement pour obtenir la couverture médiatique la plus importante possible quand il va publier ses données”.

Mais pour cet analyste, très écouté sur les marchés financiers, “il est très discutable de penser que M. Assange dispose d’informations nouvelles sur Bank of America”.

L’analyse explore plusieurs hypothèses sur le contenu des révélations.

Une attaque sur le patron du groupe de Charlotte (Caroline du Nord, Sud-Est), Brian Moynihan, “ne serait probablement pas efficace”, selon M. Bove: il n’occupe son poste de PDG que depuis un an.

Deux acquisitions réalisées en pleine tempête financière pourraient poser problème: celle du spécialiste du crédit hypothécaire Countrywide et la banque d’affaires Merrill Lynch.

Mais dans les deux cas, les poursuites judiciaires qu’elles ont suscitées ont été soldées par Bank of America à l’aide de centaines de millions de dollars.

Le seul point critique, selon M. Bove, serait d’apprendre que les dirigeants de la banque créaient sciemment des produits financiers déficients pour les vendre à des clients naïfs.

Le géant bancaire, qui touche pratiquement un ménage américain sur deux, n’est pas resté les bras croisés.

Selon la chaîne Fox Business News, il a mis en place une cellule de crise pour se préparer.

Le site spécialisé DomainNameWire rapporte qu’il a acheté des noms de domaines comprenant le nom de ses dirigeants ajoutés à des qualificatifs insultants, comme BrianMoynihanSucks.com.

“On en a déjà vu beaucoup avec cette crise financière, et il faudra que les informations publiées soient extrêmement choquantes pour qu’elles créent de nouveaux dégâts”, ont commenté les analystes de Beacon Equity, pour qui WikiLeaks “bluffe quant à la gravité des documents qu’il détient”.