és des oignons pour attirer les consommateurs, le 24 décembre 2010 à Calcutta (Photo : Deshakalyan Chowdhury) |
[26/12/2010 15:35:50] NEW DELHI (AFP) L’oignon en Inde, la noix de coco au Sri-Lanka, l’huile de cuisson au Bangladesh: la récente envolée du prix de ces aliments, utilisés par toutes les ménagères de ces pays, inquiètent les hommes politiques qui savent qu’elle peut faire perdre des élections.
Personne ne va mourir de faim en Inde parce que le prix de l’oignon a plus que doublé en quelques jours. Mais les Indiens doivent se rationner ou rogner sur d’autres dépenses. Et beaucoup sont mécontents.
Les oignons sont un ingrédient indispensable de la cuisine indienne, lui donnant toute sa saveur, avec l’ail et le gingembre. De même, la noix de coco (la chair et le lait) est la signature de la cuisine sri-lankaise, adoucissant les épices et enrichissant les sauces.
L’Inde connaît actuellement une pénurie d’oignons en raison de pluies inhabituelles dans la région productrice. L’envolée de son prix au kilo (80 roupies, soit 1,35 euro) est longuement commentée dans la presse indienne, qui montre du doigt l’incompétence des autorité et la malhonnêteté supposée des grossistes.
Mercredi, le gouvernement a supprimé la taxe à l’importation sur ce légume et le Premier ministre Manmohan Singh a fait part de sa “grave préoccupation”.
Le prix du bulbe peut avoir des conséquences douloureuses pour les hommes politiques, un phénomène baptisé par les médias “le facteur oignon”.
écembre 2010 à Ahmedabad (Photo : Sam Panthaky) |
En 1998, après une très forte hausse du prix, le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) avait perdu les élections locales à Delhi. En 1980, “le facteur oignon” avait été invoqué pour expliquer la défaite d’un parti aujourd’hui disparu, le parti Janata, lors d’élections parlementaires.
Sur un marché du sud de Delhi, Suman Gupta, une ménagère de la classe moyenne, réduit ses achats d’oignons. “Mais il m’en faut quand même, parce que sans oignon et sans tomate, la nourriture n’a plus de goût”, déclare-t-elle à l’AFP.
“Et si nous, nous sentons passer (la hausse du prix), imaginez ce que cela doit être pour les Indiens les plus pauvres. Ils vont devoir manger leur chapati (crèpes à la farine de blé) avec du sel et des piments verts, c’est tout. C’est vraiment dur”, soupire-t-elle.
Dans le Times of India, de grands cuisiniers expliquent comment préparer un curry sans oignon, et dans l’Etat de Jharkand (nord-est), un marchand de pneus offre un kilo de bulbes pour chaque pneu acheté.
Au Sri Lanka aussi, le gouvernement est intervenu pour modérer la flambée des prix des noix de coco, en interdisant l’abattage des cocotiers et autorisant, pour la première fois, l’importation de noix depuis l’Inde et la Malaisie.
La semaine dernière, Colombo a instauré un prix maximum de 30 roupies sri-lankaises (20 centimes d’euros) par noix dans les magasins étatiques, mais les stocks se sont rapidement épuisés. Les fruits se vendent le double de ce prix au marché libre.
Là aussi, en 1977, un coalition gouvernementale avait perdu les élections après l’envolée de prix d’aliments, dont notamment la noix de coco. Elles étaient devenues si chères que les marchands les coupaient en deux pour vendre les deux moitiés séparément.
Au Bangladesh, c’est l’envolée du prix de l’huile de cuisson, dont l’huile de palme comestible, qui inquiète le gouvernement. L’Etat fixe les prix mais il accuse les marchands de profiter d’une pénurie temporaire.
“Ce n’est pas un pays anarchique ! Vous ne pouvez pas décider comme vous le voulez” du prix de l’huile, a prévenu le mois dernier le ministre du Commerce Faruk Khan, devant un parterre de marchands.
Après une hausse de 20% sur une seule journée en novembre, la Haute Cour de Dacca avait exigé du gouvernement qu’il explique pourquoi son inaction ne devrait pas être qualifiée d’illégale.