Le résidentiel est énergivore. Pour des raisons de maîtrise et d’indépendance
énergétique, il convient de traiter cette source inutile de déperdition. Et
voilà le bâtiment «énergie-économe».
L’enjeu est de taille. L’habitat est énergivore. Nos maisons sont mal
«calfeutrées» pour déficit d’isolation thermique. Il y a donc lieu de rattraper
le coup en retouchant les logements existants et de veiller à «isoler» les
logements à construire. A l’évidence cela occasionne un surcoût. Et c’est ce qui
fait l’objet d’une étude par l’AFD pour la mise en place d’une ligne de crédit
destinée à optimiser l’efficacité énergétique dans l’habitat en Tunisie.
Le bâtiment est énergivore, il faut arrêter l’hémorragie
Au vu du niveau de consommation énergétique élevée du secteur du bâtiment dans
notre pays, on peut soutenir que lorsque le bâtiment gèle, l’économie se grippe.
Il faut savoir que le bâtiment commercial (tertiaire) et résidentiel est le
troisième consommateur d’énergie finale dans notre pays avec 26% du total. Il se
classe derrière l’industrie (36%) et le transport (31%). L’ennui c’est que si
l’on ne rattrape pas la situation, le bâtiment serait aussi glouton que le
transport d’ici 2030. Alors, dans la perspective du «Pic Oil» et en plain débat
sur le développement durable, la question prend une allure de sécurité
économique nationale. Il faut savoir que les seuls bâtiments résidentiels
consomment 17% de l’énergie finale.
L’audit énergétique rendu obligatoire
C’est ce constat qui a fait que l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie
(ANME) a élaboré le projet «Efficacité Energétique des Bâtiments Neufs en
Tunisie» qui a vu la mise en place d’une réglementation thermique des logements.
Depuis 2009, les bâtiments neufs sont soumis à des performances thermiques. Il y
a donc, depuis, des spécifications techniques minimales à observer pour
atteindre l’économie dans la consommation d’énergie des projets de construction
et d’extension des logements. De même qu’il y a des spécifications techniques
minimales à l’effet d’économiser l’énergie dans la construction des bâtiments à
usage de bureaux, de locaux de commerce, d’hôtels et d’hôpitaux. C’est
d’ailleurs dans ce sillage que l’audit énergétique est devenu obligatoire.
L’Etat des lieux et le surcoût de l’isolation thermique
Si le bâtiment en est là cela tient à plusieurs facteurs. Les options liées à la
conception architecturale sont concernées. Le mode de construction, également.
L’isolation de l’enveloppe des bâtiments n’est pas au point. Il y a, par
conséquent, à fermer les sources notoires de déperdition.
Les experts mettent en avant l’isolation de la toiture. Les ouvertures latérales
avec les fenêtres et balcons doivent recevoir le double vitrage. Enfin,
l’isolation des murs et parois doit être assurée. Ces trois mesures d’efficacité
énergétique occasionnent un surcoût qui a été chiffré par les services de l’ANME
à 3% du coût de la construction environ pour les logements de standing, hors
prix du terrain et frais de viabilisation. Il serait de 6% pour les logements
économiques. En valeur, cela se ramène à un supplément de 22 dinars par mètre
carré bâti.
Le concours de l’AFD
L’Agence soutient le programme tunisien qui vise à réduire la consommation
d’énergie et à améliorer l’efficacité énergétique dans l’habitat, qu’il soit
collectif, individuel, neuf, ancien, social, économique, standing, et se propose
de mettre en place une ligne de crédit qui financerait le surcoût évoqué plus
haut. Elle a procédé à l’étude de faisabilité qu’elle a confiée au cabinet ALCOR
qui a étudié la perspective d’une ligne de crédit pour le financement des
bâtiments efficaces en Tunisie. Et le cabinet a conclu à sa viabilité. Cette
ligne serait confiée aux banques de la place à l’instar de toutes les autres
lignes de crédit qui l’ont précédée. Tous les acteurs pourraient y prétendre,
c’est-à-dire les promoteurs, les investisseurs et les particuliers quand ils
construisent en régie directe. Les modalités de mise en place seraient
imminentes.