Grâce au rachat d’Agromed, Poulina Group Holding va avoir 20% de part du marché du lait et dérivés. Mais il n’entend pas pour autant «agresser l’autre», c’est-à-dire Délice Danone, leader du secteur.
C’est fait: Agromed, la société de produits laitiers et dérivés, fondée en 1996 par Lotfi Abdennadher, a officiellement changé de main et est passée dans le giron de Poulina Group Holding (PGH). L’acte de cession, dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire visant à sauver cette entreprise, a été officiellement conclu vendredi 17 décembre 2010. En rachetant (pour 22 millions de dinars) Agromed, PGH fait d’une pierre deux coups: conforter son image d’entreprise citoyenne et consolider sa position dans l’industrie du lait et dérivés.
Alors qu’un des deux autres candidats au rachat ne voulait reprendre que les actifs de la société, et que le deuxième –un libyen- voulait prendre le contrôle d’Agromed «pour en exporter les produits en Libye» -deux options que Abdelwaheb Ben Ayed juge inacceptables-, PGH a accepté de racheter Agromed avec toutes ses composantes, c’est-à-dire y compris ses employés. «Nous avons pensé également aux ouvriers. L’opération a d’ailleurs été faite en partenariat avec l’UGTT», note M. Ben Ayed, lundi 27 décembre 2010, lors de la communication financière de présentation des résultats de PGH au titre de l’année 2010. Ce qui ne veut pas dire que PGH n’avait que des motivations philanthropiques dans cette affaire. Le groupe y trouve également son compte économiquement.
En effet, s’il n’avait pas repris Agromed, PGH aurait été dans l’obligation «d’agrandir GIPA». Or, «l’intérêt national commande de ne pas importer de nouveaux équipements (qu’un développement de GIPA aurait rendu nécessaire, ndlr) et d’utiliser ceux qui existent (en l’occurrence ceux d’Agromed, ndlr)», souligne Abdelwaheb Ben Ayed.
Bien qu’ils aient trouvé l’entreprise, qui «a perdu 60 millions de dinars», «dans une situation désastreuse», selon le mot du président du groupe, les dirigeants de PGH sont «sûrs» de pouvoir redresser Agromed. Dont l’entrée dans le périmètre de PGH va lui permettre de devenir le principal concurrent du leader du secteur, Délice Danone.
Cela veut-il dire qu’on va s’acheminer vers un bras de fer PGH-Délice Danone? Non, répond clairement M. Ben Ayed. Car, explique-t-il, réaliste, «nous ne pouvons pas nous mesurer à Danone, avec ses moyens et ses centres de recherche. Nous pouvons certes prendre une part de marché, mais nous n’avons pas les moyens de communication» de ce mastodonte.
Le patron de PGH pense que son groupe peut atteindre les 20 à 25% de part sur le marché du lait et dérivés, mais «sans agresser l’autre». Un client d’œil à Délice Danone que le patron de PGH double d’un message à peine voilé à l’adresse du groupe de Hamdi Meddeb: «Je pense que personne n’a intérêt à avoir 70% d’un marché. Nous l’avons compris pour le poulet, où nous ne sommes qu’à 20%, contre 70% de part de marché il y a 20 ans. Et si notre part a baissé ce n’est pas parce que nous ne pouvions pas tenir face à la concurrence, mais parce que nous croyons que c’est plus sain».
Toutefois, PGH n’hésiterait pas, si l’occasion se présentait, à passer, comme Délice, une alliance avec une grande enseigne internationale de l’industrie de lait en vue de «développer de nouveaux produits».
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