HSBC et Barclays changent de chefs à l’orée d’une année à hauts risques

photo_1293719489439-1-1.jpg
évrier 1999 à Hong Kong (Photo : Tommy Cheng)

[30/12/2010 14:33:40] LONDRES (AFP) Les deux premières banques britanniques, HSBC et Barclays, changent de patrons lors du premier week-end de l’année, un renouvellement qui intervient dans une phase délicate pour la City, en guerre contre un durcissement de la règlementation bancaire au Royaume-Uni.

Elément déclencheur, l’ex-président de HSBC, Stephen Green, deviendra le 1er janvier secrétaire d’Etat au Commerce, au sein du gouvernement de David Cameron. Il a déjà été remplacé cet automne à la tête de la première banque européenne par son directeur financier, Douglas Flint.

Simultanément, ce samedi 1er janvier, le directeur général de HSBC, Michael Geoghegan, cèdera son poste à Stuart Gulliver, conséquence d’une lutte de pouvoir déclenchée par le départ de Stephen Green, dont il est sorti perdant. Il a préféré quitter la banque, dépité d’avoir vu lui échapper le poste de président dont il rêvait depuis des années.

La rivale Barclays change également de directeur général le 1er janvier : John Varley sera remplacé par Bob Diamond, qui chapeautait jusque-là Barclays Capital, la puissante banque d’affaires du groupe.

La nomination de cet Américain richissime, qui a fait fortune à coup de bonus mirobolants, a été largement interprétée comme un pied de nez au gouvernement, qui ne cesse de vilipender la persistance de bonus astronomiques dans la City. Le ministre du Commerce, Vince Cable, s’était lui-même ému publiquement de voir les clefs d’une des plus grandes banques du pays confiées à un tel “patron de casino”.

L’arrivée de ces nouveaux chefs, qui s’accompagne, dans les deux cas, d’un remaniement de leurs états-majors, intervient dans une période cruciale.

Si les deux banques sont sorties dans l’ensemble renforcées de la crise financière, qui a permis à HSBC de conforter son rang de première banque européenne et à Barclays de devenir un poids lourd de Wall Street, en avalant des activités de Lehman Brothers, elles font toutes deux face à de lourdes menaces de durcissement de la réglementation bancaire britannique.

Premier motif d’empoignade avec le gouvernement, la question lancinante des bonus.

Après des déclarations martiales du vice-Premier ministre, le chef de file des libéraux-démocrates Nick Clegg, réaffirmant que le gouvernement ne regarderait pas les banquier s’arroger des primes astronomiques sans bouger, le Premier ministre conservateur David Cameron a convoqué les patrons des banques à Downing Street, en vue de les sermonner.

Cette réunion, prévue la semaine dernière, a été reportée en raison du mauvais temps. Mais malgré ce délai, les libéraux-démocrates semblent déterminés à maintenir la pression sur le Premier ministre pour qu’il prenne des mesures contraignantes.

photo_1293719413871-1-1.jpg
à Londres (Photo : Handout)

Autre menace à l’horizon, le gouvernement britannique a mis en place une commission qui doit réfléchir à l’éventuelle scission des banques, afin d’isoler leurs activités traditionnelles de leurs opérations risquées. Elle ne remettra ses conclusions qu’en septembre, mais sans même attendre son verdict, plusieurs banques, dont HSBC, ont menacé de s’exiler si on tentait de les découper.

HSBC a déjà fait un pas en ce sens début 2010, en installant son directeur général à Hong Kong. Quant à Barclays, elle a dit tout le bien qu’elle pensait d’une scission de ses activités, en prenant pour chef le patron de sa banque d’affaires.

Enfin, les prises de fonction de Bob Diamond et Stuart Gulliver interviendront le jour même de l’entrée en vigueur de la taxe bancaire britannique.

Les banques britanniques accusent ce prélèvement, qui doit rapporter 2,8 milliards d’euros par an, de les désavantager par rapport à leurs rivales internationales, même s’il sera compensé par un abaissement progressif de l’impôt sur les sociétés.