Maroc : Perspectives des exportations agricoles 2010-2011

Par : Tallel

Même si des efforts sont consentis surtout dans le cadre du Plan Maroc Vert pour
atténuer la dépendance de notre agriculture vis-à-vis des caprices du ciel, le
constat reste le même de campagne en campagne: les aléas du climat font la pluie
et le beau temps sur les exportations. Pour 2010, les indicateurs de fin d’année
sont au vert pour les agrumes et au rouge pour la tomate.

L’agriculture participe, bon an mal an, entre 15 à 20% dans la formation du PIB.
Cette variation est directement liée aux volumes des précipitations, eux-mêmes
caractérisés par une forte irrégularité spatiale et temporelle. Ces deux
dernières années, dans certaines régions comme le Souss, principal bassin
agrumicole, ont vu tomber en deux mois plus de pluies qu’au cours de toute une
année normale.

15,5% de l’eau des barrages est destinée à l’irrigation

Si les moyennes annuelles atteignent plus de 1000 mm (1 million de m3 au km2),
une récente étude du secrétariat d’Etat auprès du ministère de l’Energie, des
mines, de l’eau et de l’environnement chargé de l’eau, indique que le semestre
septembre 2009- février 2010, a été caractérisé par une situation pluviométrique
excédentaire par rapport à la normale pour la totalité des bassins hydrauliques.
Cette même source estime à 19 Milliards de m3 les apports d’eau, soit un surplus
de 140% par rapport aux apports normaux. Rappelons selon la même source, que
15,5% de l’eau des barrages est destinée à l’irrigation.

Un taux de remplissage moyen des barrages de 72,7%

Au 20 décembre 2010, le taux moyen de remplissage des principaux grands barrages
est de 72,7% alors que la moyenne dépasse rarement les 70%, et reste en dessous
de ce taux 7 années sur 9 selon le secrétariat d’Etat chargé de l’eau.

Cependant, un bémol est mettre à cette situation favorable est le problème
d’envasement que connaissent la plupart des barrages du royaume. Un envasement
favorisé par les irrégularités et l’agressivité des précipitations. Selon une
étude universitaire, “l’envasement moyen annuel de tous les réservoirs au Maroc,
s’élève à 60 millions de mètres cubes”.

Par ailleurs, les nappes phréatiques ont connu de leur côté un relèvement de
leur niveau allant de 0,5 à 10 mètres selon les régions.

Les agrumes: production et prix prévus en hausse

Selon le Crédit Agricole du Maroc, la filière des agrumes fait gagner au pays 3
milliards DH par an, 21 millions de journées de travail avec 90.000 emplois et
1,3 Milliard DH de masse salariale globale, d’où son rôle socioéconomique.

Jusqu’ici, les indicateurs fournis sur le secteur des agrumes laissent présager
une meilleure campagne que celle qui a précédé et qui a été marquée par des
dégâts causés par les inondations notamment dans le Sous et le Gharb, grandes
productrices d’agrumes.

Selon les prévisions du ministère de tutelle, la production d’agrumes devrait
connaître une augmentation de 9% à 1,7 million de tonnes sur une superficie de
80.000 ha. Cependant, le portail du Crédit Agricole du Maroc s’attend à voir les
prix des agrumes augmenter: “les intempéries ont poussé les producteurs de
certains fruits, comme la clémentine, à accélérer la cueillette. Pour y arriver,
ils ont dû doubler les effectifs de la main-d’œuvre, qui exigeait une
rémunération plus importante compte tenu des conditions difficiles de cueillette
et de manutention. Conséquence: le coût de la production augmente de même que le
prix de vente final“.

Les exportations reprennent

Même si les chiffres relatifs aux exportations varient quelque peu d’une source
à une autre, la reprise des expéditions des agrumes se confirme malgré un début
timide. A fin mars, la direction des études et de la planification, du ministère
de l’Economie et des finances, fixe à 20% l’augmentation des exportations
d’agrumes en comparaison à la même période de l’année précédente. De son côté,
l’Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE),
estime le volume expédié, au 7 décembre, à 173.900 tonnes, en progression de
18%. Cette évolution positive serait liée au démarrage précoce de la campagne
agrumicole, sauf pour les oranges.

La clémentine s’en remet au ciel

Si cette saison s’annonce sous de bons auspices, les épisodes climatiques,
favorables ou défavorables, peuvent perturber les prévisions. C’est le cas de la
clémentine, fruit très fragile, qui constitue l’essentiel des ventes à
l’étranger (en progression de 19%). “Les exportations peuvent évoluer à la
hausse comme à la baisse” a déclaré à la presse Ahmed Derrab, secrétaire général
de l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc.

Une première en Chine

Si l’UE et la Russie constituent les clients traditionnels du Maroc, la Chine a
fait son entrée avec une première commande de 20 tonnes de clémentines, expédiée
par Maroc Fruit Board à partir d’Agadir à la mi-décembre. Le but étant
d’atteindre, d’ici à 5 ans, entre 40.000 et 50.000 tonnes par an vers ce pays.

Les primeurs en baisse

Les intempéries de la saison précédente suivies des canicules estivales ont
causé d’énormes pertes surtout à la tomate, principal légume destiné à l’export
(perte de bouquets, retard dans la formation du fruit, maladies
cryptogamiques…). Au 7 décembre, l’EACCE estime que les exportations de primeurs
ont accusé une baisse de 22%. Ce trend baissier semble se maintenir puisqu’en
mars, le même organisme fixait la chute des exports de la tomate à 19%. Cette
mauvaise passe intervient alors que les prix à l’export en Europe sont
“intéressants” estime l’EACCE.

Quant aux aléas climatiques, il en est de même que pour les agrumes.

Fruits et légumes, 80% des importations de l’UE

Cette dépendance semble aller à contre sens avec l’accord de libéralisation qu’a
signé le Maroc avec l’Union Européenne, et qui prévoit la libéralisation totale,
par étapes, dans les dix années à venir. Le dernier accord a été signé à
Bruxelles le 14 décembre. Un communiqué de l’UE précisait alors que “les
améliorations des concessions dans le secteur des fruits et légumes, lequel
constitue 80 % des importations de l’UE, ont tenu compte des sensibilités
particulières, avec pour objectif une intégration des exportations marocaines
sur le marché de l’Union et la promotion des complémentarités entre les systèmes
de production”.

Cette intégration et cette complémentarité entre les systèmes de production
européen et marocain exigerait à ne pas en douter une moindre dépendance des
caprices du ciel…

Source :
http://www.aufaitmaroc.com/economie/agricultures-et-peches/2010/12/22/apres-la-pluie-les-exportationsou-pas