Trois jours nous séparent de la nouvelle année 2011. Et c’est l’heure des bilans. Comme pour les sociétés qui s’attèlent, ces jours-ci, à finaliser leur budget et leurs objectifs pour l’année qui s’écoule, il en est de même pour les bilans économiques sectoriels. Déjà, depuis le mois de novembre, commencent à se dresser les grands traits d’une année qui n’était pas aussi facile sur le plan économique, vu qu’elle a été qualifiée de l’année de sortie de crise. Mais qu’en est-il réellement ?
Le secteur textile et habillement, l’un des plus concernés par la crise, a affiché une reprise de ses échanges commerciaux. Les indicateurs sectoriels, pour le mois de novembre 2010, affichent des exportations et des importations en hausse respectivement de 11,3% et de 23,6% en valeur. Ceci dit, le démarrage de l’année n’était pas aussi facile. La tendance baissière persistait durant le mois de janvier. Une légère hausse des échanges a été ressentie à partir du mois de février. D’ailleurs, un responsable du secteur a même qualifié cette période de période de convalescence où rien n’est sûr ou certain.
Un nouveau démarrage…
Mais le secteur a su éviter le pire, bien que les difficultés aient persisté dans certaines branches. Les prévisions gouvernementales sont assez optimistes. Afif Chelbi, ministre de l’Industrie et de la Technologie, a annoncé, en novembre 2010, que les exportations dans le secteur atteindront 5 milliards de dinars en 2010 contre 4,7 milliards de dinars en 2009. Une réalisation qui aurait l’avantage de marquer un nouveau démarrage pour le textile et habillement tunisien, considéré comme le premier secteur pourvoyeur d’emplois en Tunisie. Il compte plus de 200 mille emplois actuellement, sur un total de 600 mille emplois dans l’industrie, dont 400 mille dans l’industrie exportatrice.
Durant l’année 2010, le salon Texmed fut également à l’épreuve. Ses organisateurs ont tenu, malgré la conjoncture, à donner une image positive du secteur, avec 280 exposants entre tunisiens et internationaux, et une forte présence européenne. D’ailleurs, le bilan de la 11ème édition montre une progression du nombre des visiteurs par rapport à l’édition précédente.
Atouts du secteur…
En revanche, l’année écoulée a confirmé les atouts du secteur qu’il faudrait affermir davantage et exploiter au maximum pour gagner le pari de la rentabilité. La proximité géographique du marché européen attire de plus en plus les donneurs d’ordre, orientés plutôt vers le fast fashion et les petites séries. L’approche des marchés devrait être basée sur une stratégie commerciale plus offensive, pour ne pas dire agressive. Il s’agit aussi de consolider les acquis du secteur et de s’orienter vers des créneaux porteurs.
C’est ainsi qu’une école de la mode a été créée au sein du Centre Technique du Textile, en octobre 2010, en partenariat avec Mod’Spé Paris. L’objectif étant de former des compétences qualifiées au profit des entreprises tunisiennes et de leur procurer des profils opérationnels. Selon les responsables du CETTEX, ces nouveaux profils permettront aux entreprises orientées vers la co-traitance d’améliorer les compétences de leur personnel sur les techniques de modélisme, de perfectionner la qualité du bien-aller du produit et de diminuer le temps de réalisation des articles. Pour les entreprises engagées dans la réalisation du produit fini, ces Parcours Modulaires Qualifiants formeront les stagiaires sur les principaux stades de développement du produit depuis l’étude jusqu’à la conception, notamment la sélection des fournisseurs, la démarche de conception d’une ligne de produits et la création d’une collection.
Approche commerciale efficiente…
La promotion des compétences qualifiées dans le secteur est une nécessité pour effectuer le saut qualitatif, sans oublier que la sous-traitance est une activité qui doit être maintenue et consolidée. Comme le signale Samir Haouet, directeur général du CETTEX, dans une interview récente, «il faudrait être plus offensif dans l’approche du marché. Il ne s’agit plus maintenant d’attendre que le client vienne nous chercher. Il faudra prendre l’initiative d’aller vers lui. Pour réussir dans cette activité, il faudra être très performant à produire, à comprendre les attentes des clients et à développer une démarche qualité. Il faudra, donc, mettre les moyens pour se distinguer et innover en termes de services».
D’un autre côté, la performance du secteur ne peut se concrétiser sans une approche commerciale efficiente de la part des entreprises. Les nouvelles technologies de l’information et de communication sont devenues un moyen très puisé pour marquer sa présence sur l’échelle internationale. Mais il semble qu’on soit encore loin de cette démarche si on sait que 120 entreprises disposent d’un site parmi les 2.049 que compte le secteur. Parmi ces 120 sites web, il existe un seul site marchand. Des chiffres décevants qui ont amené le ministre de l’Industrie et de la Technologie à reconnaître que le secteur est en déficit de communication, en ajoutant que la majorité des entreprises ne disposent pas d’une fonction marketing et commerciale structurée. Dans un secteur en pleine évolution, cette faiblesse devrait être prise en compte dans l’élaboration de stratégies commerciales, en prenant compte des mutations que connaît le textile et habillement à l’échelle internationale.
En somme, l’année 2010 peut être qualifiée de satisfaisante. Elle a confirmé la résistance du secteur aux aléas de la crise. Espérons que l’année 2011 consolidera cette tendance et renforcera la performance du secteur et son rayonnement à l’échelle internationale.