L’année 2010 a confirmé la bonne tenue du secteur des Industries mécaniques et électroniques. Ce secteur qui se place comme premier exportateur en Tunisie, a connu, à l’instar d’autres secteurs, les effets de la crise économique. L’année 2009 ne fut pas des plus faciles pour ce secteur qui a vu pratiquement tous ses indicateurs baisser. D’après le Centre technique des industries mécaniques et électriques (CETIME), les exportations ont enregistré une baisse continue tout au long de l’année, soit un cumul de -3,7% à fin décembre 2009. La valeur des exportations s’est établit à 6.000,1 MDT contre 6.232,8 MDT en 2008.
Cette baisse a d’ailleurs commencé à se faire sentir dès la fin de l’année 2008 et le début de l’année 2009, avec une baisse de 15,6% des exportations, marquant une rupture avec la performance enregistrée depuis l’année 2005. Durant cette période, les exportations sont passées de 3.000 MDT à plus de 6.000 MDT en 2008. Ce qui donne une idée sur les potentialités qu’offre le secteur pour l’économie nationale au niveau des échanges commerciaux. Il a maintenu son positionnement comme premier secteur exportateur malgré la crise.
Reprise en 2010…
L’analyse des indicateurs montre que la baisse a persisté tout au long de l’année 2009, pour atteindre son plus haut niveau à fin septembre 2010 (-21,72%). Le bilan 2010 serait, donc, positif. «La croissance du secteur durant cette année est un signe de bonne santé. La crise a eu un effet positif. Les exportations sont parties en flèche. Les entreprises ont pu s’adapter à la conjoncture malgré les difficultés. Ils ont pu, d’ailleurs, sauvegarder près de 70 mille emplois. Au lieu de connaître le creux, ils ont trouvé les moyens de sortir de la crise sans trop de dégâts, par la diversification des marchés, par exemple», affirme Férid Herelli, directeur général du CETIME.
Il faut noter au passage que le secteur des IME compte 971 entreprises ayant 10 emplois et plus. Elles sont en majorité à participation étrangère (433 entreprises). On indique que 203 unités sont en partenariat avec des Français, 125 avec des Italiens et 48 avec des Allemands. Les entreprises du secteur représentent 16,6% du total des entreprises des industries manufacturières. Elles emploient plus de 100 mille personnes dont 67,5% dans le sous-secteur électrique, électronique et électroménager ; celui-là qui rassemble 38,6% des entreprises du secteur.
La performance du secteur se manifeste aussi au niveau de la filière du câblage où plusieurs groupes de renomée internationale se sont implantés en Tunisie. On peut citer l’exemple de Leoni, présent depuis plus de 30 ans en Tunisie, et qui a annoncé tout récemment son implantation à Sidi Bouzid et la création de mille emplois. Il s’agit également de Yazaki, qui s’est installé à Jendouba et puis à Gafsa et compte développer davantage ces activités à l’intérieur du pays.
Cap sur l’innovation…
Sur le rôle du CETIME dans la promotion du secteur, M. Herelli indique que l’innovation devrait être la feuille de route de toute entreprise tunisienne. «De notre côté, nous œuvrons à encourager les entreprises dans ce sens. Nous avons déjà créé, en 2007, l’école de l’innovation où nous avons rassemblé les entreprises du secteur et avons proposé des lignes directives pour la création de réseaux d’innovation. Cinq entreprises ont déjà réalisé des actions d’innovation. Et huit projets innovants sont en cours de réalisation dont certains avec l’Université de Sfax», ajoute-t-il.
En outre, le rôle de la recherche dans le développement du secteur est un point fondamental. A ce niveau, le CETIME s’emploie à jouer le rôle de facilitateur entre l’université et l’industrie. M. Herelli estime que l’industriel n’a pas le temps de se consacrer à la recherche, bien qu’elle soit porteuse d’innovation et de valeur ajoutée. Le chercheur, de son côté, doit se rapprocher davantage du monde industriel et répondre au mieux aux besoins du secteur. «Pour réduire l’écart entre le monde industriel et le monde universitaire, il faudrait miser sur la recherche finalisée. Une recherche qui prend en compte les soucis du secteur et qui porte une valeur ajoutée sur le plan industriel», indique le responsable du CETIME.
Une formation répondant aux besoins…
Au niveau de la formation, il semble que les besoins soient urgents dans certains profils, notamment dans le secteur de la soudure qui aurait besoin d’environ 1.500 soudeurs qualifiés. Ce qui a amené le CETIME à prévoir la création d’un Institut national de la soudure qui se chargera de former des soudeurs hautement qualifiés au profit des entreprises du secteur. Le centre organise aussi des sessions de formation qualifiantes dans différentes spécialités pointues, avec le but de consolider l’infrastructure technologique du secteur.
Selon M. Herelli, un ingénieur n’est opérationnel qu’après trois ans d’exercice, alors que les industriels voudraient qu’il le soit immédiatement. «Il y a sûrement un écart entre la formation et la réalité sur terrain. Nous œuvrons à réduire cet écart par la formation par alternance et la formation continue. Nous offrons aussi des formations à la carte selon les besoins de chaque entreprise. Nous avons, d’ailleurs, essayé d’élargir notre champ d’intervention et de vulgariser la technologie dans la formation en l’adaptant aux besoins des industriels. Nous ne pouvons pas nous substituer au rôle de l’entreprise mais on essaye de devancer ses préoccupations», précise-t-il.
Consolider les acquis…
La préoccupation majeure du CETIME, actuellement, c’est de consolider l’infrastructure existante et de préparer la stratégie industrielle à l’horizon 2014 où le secteur des industries mécaniques et électriques figure désormais parmi les secteurs prioritaires. L’objectif de cette stratégie est de doubler les exportations et de tripler les investissements directs étrangers. Pour cette finalité, le centre a développé des partenariats avec des institutions étrangères similaires comme le CETIM (France), AT4 Wireless (Espagne), ISQ (Portugal), etc.
Tout récemment, une convention de partenariat a été signée avec le pôle de compétitivité français ViaMéca, comme il a été procédé à la création d’un centre de ressources technologiques à Sousse spécialisé dans la mécatronique. Ces actions visent à valoriser le contenu technologique de l’industrie tunisienne autour des filières touchant l’aéronautique, les systèmes embarqués, les implants médicaux utilisant de nouveaux matériaux, etc.
Deux nouveaux laboratoires sont au cours de réalisation au sein du CETIME, et seront dédiés à la comptabilité électromagnétique et à la conformité des produits photovoltaïques, en coopération avec l’Agence Nationale de Maitrise de l’Energie et la Société Tunisienne de l’Electricité et du Gaz. Leur création permettra, selon M. Herelli, de réaliser le contrat-objectif 2010-2012 visant à développer l’innovation et le management de l’innovation mais aussi à valoriser les résultats de la recherche et développer la formation continue au profit des entreprises. Le centre compte aussi s’installer à Béja et à Gafsa pour se rapprocher du tissu industriel.