BTP : ACS maintient le cap et se rapproche du contrôle d’Hochtief

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é par le groupe Hochtief à Cologne, le 11 novembre 2010 (Photo : Patrik Stollarz)

[04/01/2011 13:15:55] MADRID (AFP) Le groupe de BTP espagnol ACS a fait un pas décisif mardi dans la bataille pour prendre le contrôle de son rival Hochtief, en dépassant 30% de son capital à l’issue d’une offre à laquelle s’opposait fermement le fleuron du bâtiment allemand.

Comme prévu, ACS a dépassé son objectif initial de dépasser le seuil des 30% d’Hochtief et détenait le 29 décembre, à la fin de son offre, 30,34% de son capital.

De son côté, Hochtief feint de croire que rien n’est encore joué: “D’ici fin janvier on n’aura pas de résultat définitif sur la part d’ACS”, a dit un porte-parole, en référence notamment à un droit de retrait de sept jours des actionnaires qui ont apporté leurs actions.

ACS, figure de proue de l’âge d’or du BTP espagnol, dirigé par le puissant homme d’affaires Florentino Perez, qui est aussi président du Real Madrid, veut détenir au final au minimum 50,07% de Hochtief, ce qui lui permettra de devenir numéro un européen du BTP et numéro trois mondial.

En parvenant à franchir la barre des 30%, le constructeur échappe au cadre législatif bien plus contraignant imposé à ceux qui dépassent cette limite par des achats d’actions sur le marché. Il pourra continuer à étoffer sa participation en achetant des titres sur le marché, au rythme qu’il souhaite, et au cours qui lui convient.

En attendant, pour tenter de convaincre encore un peu plus d’actionnaires, ACS a prolongé son offre jusqu’au 18 janvier.

Car avec 2.375.523 actions reçues dans cette première phase, soit 3,08% du capital, le succès de l’offre d’ACS, qui avait d’ailleurs dû relever son prix pour séduire plus d’actionnaires, a été très limité. ACS était déjà le premier actionnaire d’Hochtief, avec 27,2% du capital.

La contribution du fonds américain Southeastern Asset Management, qui a apporté deux millions d’actions, soit environ la moitié de sa part de 4,84% dans Hochtief, a été décisive.

Selon la presse allemande, Hochtief dénonce d’ailleurs une action de concert entre Southeastern Asset Management et ACS, et espère faire intervenir le Bafin, l’autorité boursière allemande. Le fonds américain est en effet également actionnaire dans ACS. Ni Hochtief ni le Bafin n’ont commenté ce point mardi.

Depuis le départ, Hochtief voit d’un très mauvais oeil les ambitions d’ACS, et a tenté par plusieurs moyens, mais sans succès de contrer l’opération. Outre son souhait de rester indépendant, l’allemand, qui jouit d’une bonne situation financière, craint que l’espagnol, qui ployait fin septembre sous une dette de 9 milliards d’euros, ne ternisse son image auprès des banques, des agences de notation et des investisseurs.

Hochtief a d’ailleurs déjà pris des mesures vis-à-vis de ses banques, pour éviter une dégradation de ses conditions de crédit en cas de reprise par ACS, avait expliqué fin décembre son directeur financier, Burkhard Lohr, dans un entretien au quotidien économique allemand Börsenzeitung.

“Nous nous assurons que (…) le nouvel actionnaire ne menace pas la solvabilité de Hochtief”, s’était justifié M. Lohr.

Mais ACS n’a pas froid aux yeux et compte bien sur la bonne santé d’Hochtief pour redresser ses finances et poursuivre ainsi ses objectifs prioritaires, dont l’augmentation progressive de son poids dans le groupe d’énergie espagnol Iberdrola, selon les analystes.

L’espagnol, qui ne manque pas d’appétit, a indiqué lundi avoir augmenté sa participation dans Iberdrola d’environ 15% à 20,2%. Mais Iberdrola ne se laisse pas faire et ces derniers mois les deux groupes multiplient les actions judiciaires pour obtenir gain de cause.

Le titre ACS a faiblement réagi et perdait 0,61% à 34,9 euros à 10H55 GMT à la Bourse de Madrid, tandis qu’Hochtief, coté sur le segment des valeurs moyennes, reculait de 1,49% à 63,30 euros à Francfort.