Premier verdict en vue du gendarme de la Bourse dans la bataille Hermès/LVMH

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ès à Paris (Photo : Miguel Medina)

[04/01/2011 14:59:54] PARIS (AFP) Le gendarme de la Bourse s’apprête à rendre un premier verdict très attendu dans la bataille Hermès/LVMH, en se prononçant sur la parade échafaudée par les héritiers du sellier pour se prémunir des appétits du numéro un mondial du luxe contrôlé par le milliardaire Bernard Arnault.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) doit décider si elle accède à la demande de la famille Hermès de s’épargner une offre publique d’achat (OPA) sur la totalité du capital de la griffe, après sa décision de regrouper ses parts dans une holding majoritaire.

“Le collège des 16 membres se réunit jeudi dans l’après-midi pour examiner la dérogation de la famille Hermès et il rendra sa décision dans la foulée”, a déclaré mardi à l’AFP une source proche du dossier qui a requis l’anonymat.

Cette décision ne devrait toutefois être rendue publique que vendredi matin au plus tôt, selon la même source.

Pour verrouiller son capital après la fracassante intrusion fin octobre de LVMH, la famille Hermès a décidé début décembre de créer un holding regroupant plus de 50% du capital du groupe. Objectif: devenir une forteresse imprenable.

Mais la législation française oblige tout actionnaire ou groupe d’actionnaires qui franchit le seuil de 33% du capital à faire une OPA sur le solde. L’AMF accorde une trentaine de dérogations par an à des entreprises.

Les héritiers d’Hermès “n’auront pas de problème pour l’obtenir car la holding n’est qu’un habillage juridique, il n’y a pas eu de montée en puissance de la famille. Il n’y a eu qu’un reclassement des parts”, estimait récemment Jean-François Bay, ancien collaborateur de l’AMF et enseignant à l’université de Paris Dauphine, rejoignant l’argumentation de la famille Hermès.

Interrogée mardi par l’AFP, la présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), Colette Neuville, juge à l’inverse que “si elle raisonne en droit, (l’AMF) ne donnera pas cette dérogation”.

Sinon, argumente-t-elle, c’est “le droit des minoritaires, c’est-à-dire le droit à l’information, l’égalité de traitement et le droit des offres publiques qui sera mis à mal”.

Le gendarme de la Bourse peut aussi demander un supplément d’information, estime Mme Neuville, qui veut saisir la justice en cas de dérogation.

Entré fin octobre à hauteur de 17,1% au capital d’Hermès, LVMH en détenait le 21 décembre 20,21%. En dehors de la famille, le groupe de Bernard Arnault est le principal actionnaire individuel du sellier. Les héritiers possèdent de leur côté 73,4% mais aucun d’eux n’en a individuellement plus de 5%.

Le géant du luxe décrit son investissement dans Hermès comme “stratégique et de long terme” et assure ne pas envisager d’en prendre le contrôle.

Parallèlement à son verdict sur la parade d’Hermès, l’AMF poursuit son enquête pour déterminer si M. Arnault a respecté la réglementation lors de sa première montée au capital d’Hermès via des instruments financiers complexes. L’instruction du régulateur sur ce point devrait durer au moins dix mois.

Signe de la sensibilité de l’affaire, le milliardaire belge Albert Frère, proche ami du patron de LVMH, a démenti auprès de l’AFP “détenir des titres Hermès” contrairement à ce que laissait entendre Fabrice Rémon, un associé du cabinet de conseil aux petits actionnaires Deminor.

M. Rémon, engagé aux côtés de la famille Hermès, a affirmé mardi à La Tribune qu’il “ne serait pas étonné que sur les quelque 7% de flottant restant désormais (du capital d’Hermès), 2% à 3% soient encore dans des mains amies de LVMH, telles que celles d’Albert Frère”.

A la mi-journée, le titre Hermès grimpait de 2,23% à 160,80 euros à la Bourse de Paris. L’action LVMH reculait de 1,03% à 123,57 euros dans un marché en hausse de 1,02%.