La France pointée du doigt pour espionnage industriel en Europe

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à Berlin (Photo : Axel Schmidt)

[04/01/2011 15:37:47] OSLO (AFP) La France est “l’Empire du Mal” en matière de vol de technologies et les effets de sa politique d’espionnage industriel seraient plus néfastes que celle de pays comme la Russie ou la Chine, selon le dirigeant d’un groupe allemand cité par une note diplomatique obtenue par WikiLeaks.

Le journal norvégien Aftenposten a mis en ligne mardi un télégramme de l’ambassade des Etats-Unis à Berlin, écrit le 20 novembre 2009, qui cite le directeur général du petit fabricant allemand de satellites OHB Technology, Berry Smutny.

“La France est l’Empire du Mal en ce qui concerne le vol de technologies, et l’Allemagne le sait”, a déclaré M. Smutny cité au style direct par le télégramme.

Mais l’Allemagne, avec son gouvernement décentralisé, ne serait pas disposée à contrecarrer les activités françaises d’espionnage industriel, a-t-il ajouté, cité cette fois-ci au style indirect.

“S’épanchant abondamment sur son mépris pour les Français, Smutny a dit que l’espionnage industriel français est tellement étendu que, dans leur totalité, les dégâts infligés à l’économie allemande sont plus importants que les dégâts provoqués par la Chine ou la Russie”, poursuit le télégramme.

OHB Technology s’est illustré en janvier 2010 en remportant aux dépens d’Astrium, filiale du géant EADS, un contrat pour la construction de plusieurs satellites destinés au programme de navigation Galileo, futur “GPS” européen.

La PME allemande est aussi le principal acteur dans le programme allemand de construction de satellites d’observation optique (HiROS).

“Le projet initial était qu’EADS-Astrium à Friedrichshafen (Allemagne) conçoive, construise et exploite HiROS conjointement avec l’agence spatiale allemande DLR”, lit-on aussi dans le télégramme publié mardi.

“Mais quand il est apparu évident aux yeux de DLR et des dirigeants allemands d’Astrium que la France, à travers son influence dans EADS-Astrium, essaierait de saborder le projet de peur que HiROS n’entre en concurrence avec les activités satellitaires commerciales françaises (satellites Spot, ndlr), la décision a été prise de faire d’OHB le principal contractant”, ajoute la note.

Lundi, sur la foi d’autres notes diplomatiques, Aftenposten avait révélé que, derrière sa façade commerciale, le programme HiROS avait des finalités militaires, l’Allemagne souhaitant se doter de sa propre capacité d’observation optique au grand dam de la France qui exploite les satellites espions Hélios.

Un porte-parole de DLR avait toutefois démenti.

Journal de référence en Norvège, Aftenposten a obtenu par un moyen non connu en décembre la totalité des 250.000 documents diplomatiques de WikiLeaks, sans passer d’accord avec le site comme l’ont fait cinq grands journaux (New York Times, Guardian, Le Monde, El Pais et Der Spiegel).