Diversement évaluée, et, de ce fait, inégalement appréciée, la dernière édition des Journées de l’Entreprise –la 25ème- aura eu au moins un –grand mérite, celui de nous fournir, par le biais des études et enquêtes commandées par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) pour cette occasion, des données permettant de compléter le portrait robot de l’entreprise tunisienne.
Si certaines de ces études se sont limitées à renvoyer aux entrepreneurs tunisiens l’expérience de grandes firmes internationales dans différents domaines –Les défis de la compétitivité (Kais Gannouni, Faouzi Jilani et Mohamed Louadi), Relations USA/Europe/Maghreb: pour l’émergence d’entreprenants dynamiques et une prospérité partagée (docteur Abderrahmane MEBTOUL), et l’état de l’art en matière de veille stratégique à l’échelle internationale- pour qu’ils s’y regardent comme dans un miroir, d’autres –l’innovation dans les entreprises maghrébins: cas des entreprises tunisiennes, et Confiance et gouvernance: défis d’entreprises, projet de société (Karim Benkahla)- sont plus loin dans le questionnement de la réalité de l’entreprise tunisienne.
L’étude sur l’innovation a traité des raisons qui font que les entreprises en ressentent le besoin et des freins à l’acte d’innover et son «impact sur la propension des entreprises à améliorer ou à développer de nouveaux produits et procédés de fabrication».
Premier constat général: malgré «sa contribution à la richesse nationale», l’industrie tunisienne fait très peu d’efforts en matière de R&D. La preuve en est le nombre de brevets internationaux. Avec seulement 10 brevets, la Tunisie est distancée dans ce domaine, durant la période 1996-2005, non seulement par les pays européens de la rive Nord de la Méditerranée –France (42.464), Italie (19.334) et Espagne (3.651)- mais également par des pays de la région ayant sensiblement le même niveau de développement économique –Jordanie (26), Maroc (31) et Egypte (91). Et malgré une augmentation du nombre de brevets –passé de 46 à 105- depuis 2004, cette progression est imputable davantage aux structures de la recherche publique qu’aux entreprises.
Sur la gouvernance, un sujet qu’il juge «médiatiquement saturé» et pourtant encore «tabou car au cœur de l’exercice du pouvoir et du vécu de l’entreprise», Karim Belkahla relève sept «pêchés capitaux»: des marchés (de l’information, des biens et services, des participations, des dirigeants et des techniques de gestion/audit) «grippés», des droits actionnaires («petits» notamment) souvent méconnus et négligés, des conseils d’administration (trop) souvent peu efficaces, des dirigeants/monarques souvent omnipotents et omniscients, des problèmes de transparence, des parties liées (stake holders) souvent négligées et une transmission/succession souvent insuffisamment préparée.
Rappelant que «la gouvernance dépend du type et du stade du capitalisme», l’universitaire constate que les textes s’y rapportant sont «relativement bons en Tunisie», mais que «les pratiques ne suivent pas toujours».
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