Besson : l’Europe doit en finir avec l’angélisme et demander la réciprocité

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écembre 2010 à Saint-Marcel (Photo : Lionel Bonaventure)

[05/01/2011 16:17:15] PARIS (AFP) Le ministre de l’Industrie Eric Besson estime que l”Europe “doit en finir avec l’angélisme” et qu’elle “est en droit de demander la réciprocité”, étant la première destination des exportations des grands pays émergents, dans une interview au Monde daté de jeudi.

“La réciprocité est un principe majeur”, affirme M. Besson.

Pour le ministre de l’Industrie, “lorsque (l’Europe) lance des appels d’offres avec des financements publics européens, elle doit favoriser l’industrie européenne”, ajoute-t-il, en observant que “c’est ce que font les Américains avec le +buy american act+”.

M. Besson estime qu'”on peut être ouvert aux investissements étrangers et aux importations (…) sans pour autant être naïfs”. “Pourquoi l’Europe serait-elle la seule région du monde où le libre échange et la libre concurrence seraient érigés en dogme”, s’interroge le ministre.

“Notre continent s’est désarmé unilatéralement”, affirme-t-il.

Le ministre indique qu’il a chargé le médiateur de l’Industrie Yvon Jacob d’une mission sur la réciprocité industrielle.

M. Besson ajoute que les ministres européens travaillent à “la définition de filières industrielles européennes et de pôles de compétitivité européens”. Il ajoute qu’il a proposé “la création d’un fonds de capital-risque (…) et d’un fonds européen des brevets”.

“On ne peut pas bâtir une économie forte sans une industrie forte”, assure-t-il.

L’euro “demeure encore le premier producteur industriel du monde”, mais “elle est en train de se faire grignoter”, selon M. Besson, qui appelle à “la préférence communautaire”.

Interrogé sur le patriotisme économique, il répond que “l’expression ne (le) choque pas”, mais “ne l’utilise pas”.

Il prend comme exemple le dossier Ingenico, un fabricant français de terminaux de paiements qui a refusé en décembre une offre de rachat d’un groupe américain.

M. Besson explique qu’il a “posé un certain nombre de questions”, mais ne s’est “pas opposé par principe à toute prise de participation (…) étrangère”.

En revanche, il a jugé “intelligente” la stratégie de Renault, qui “se saisit” du marché low cost en Europe en produisant des véhicules en Roumanie et “conserve en France le moyen et le haut de gamme”.