Inondations en Australie : risque de flambée des prix pour le charbon

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ût 2009 (Photo : Paul Crock)

[05/01/2011 22:59:56] NEW YORK (AFP) Les inondations en Australie risquent de perturber sérieusement les approvisionnements de la planète en charbon et d’entraîner une poussée des prix, dans une relative discrétion car ce marché reste éclaté et opaque.

En grande partie sous les eaux, l’Etat du Queensland, dans le nord-est du pays, fournit à lui seul la moitié des besoins mondiaux de coke de charbon nécessaire à l’industrie sidérurgique.

“La réouverture des mines inondées pourrait prendre plusieurs semaines”, prévient Ben Willacy, analyste basé à Sydney pour la société Wood Mackenzie. Et “les mines qui n’ont pas été inondées vont dépendre de la réouverture du réseau ferroviaire”.

Selon une note de la firme de recherche IHS Global Insight, des mines représentant une production annuelle de 90 millions de tonnes se sont placées en situation de force majeure.

L’indice des prix du charbon à coke dans la région de Peak Downs, au Queensland, mesuré par la Commonwealth Bank of Australia, a atteint 253 dollars américains la tonne, alors que les transactions dépassaient à peine les 200 dollars pendant l’été.

“Comme les perturbations dans les approvisionnements sont prévues pour durer au moins jusque début février 2011, la compétition pour (s’assurer) les cargaisons pourrait se renforcer sur le marché au comptant”, a estimé Tom Grieder, d’IHS Global Insight.

“La hausse des prix pour le charbon de coke va probablement être répercutée par les sidérurgistes, entraînant les prix de l’acier et donc de la construction pour les installations exigeant beaucoup d’acier, comme les raffineries et les usines pétrochimiques”, a-t-il poursuivi.

Pour Amrita Sen, analyste de Barclays Capital, “le marché du charbon aborde l’année avec un rapport offre-demande serré: la demande d’Asie était déjà très forte, mais avec ces problèmes d’intempéries, la situation s’est nettement accentuée”.

Avant la montée des eaux au Queensland, la Colombie et l’Indonésie, autres importants exportateurs, ont connu aussi des précipitations importantes, qui ont affecté la production. Le déraillement d’un train en Afrique du Sud a bloqué les exportations pendant plusieurs jours à la fin de l’année.

“Même si les prix du charbon de coke ont aussi augmenté, la hausse des prix a été plus visible pour le charbon vapeur (utilisé pour les centrales électriques), car ce marché est plus important”, observe Mme Sen. “Le charbon à coke ne représente pas un marché très actif, parce que les prix sont établis par des négociations de contrats” entre producteurs et consommateurs.

Contrairement au pétrole, aux métaux ou aux produits agricoles, le marché du charbon ne dispose pas d’un contrat de référence sur les marchés financiers, susceptible de prendre la température des échanges mondiaux.

Les analystes suivent pour le charbon vapeur un indice “API-2” des prix constatés dans les ports néerlandais d’Amsterdam et de Rotterdam, et en Belgique à Anvers. Ce marché, considéré comme le plus actif dans le monde, a vu ses prix passer depuis début décembre d’environ 100 à 130 dollars la tonne.

Aux Etats-Unis, le New York Mercantile Exchange a lancé en 2001 un contrat financier sur le charbon vapeur extrait dans la chaîne montagneuse des Appalaches (Est). Alors que ce marché est réputé assez local, ce prix a bondi de moins de 75 dollars la tonne avant Noël à plus de 80 dollars mardi.

“Pendant longtemps les prix ont fait l’objet de négociations directes entre le producteur et le consommateur”, relève Philippe Chalmain, professeur d’économie à l’université de Paris-Dauphine. “Aujourd’hui, notamment pour le marché vapeur, cela commence à devenir un marché comme les autres”.