écembre 2010 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[10/01/2011 07:26:56] PARIS (AFP) Comment expliquer l’immense pagaille sur les routes début décembre puis à l’aéroport de Roissy avant Noël ? Les acteurs des transports terrestres et aériens se réunissent cette semaine autour de leur ministre pour tirer les leçons du chaos qui a suscité de vives polémiques.
Lundi, une première table ronde sera consacrée à la crise du 8 au 9 décembre: des milliers d’automobilistes avaient été bloqués toute la nuit sur les routes d’Ile-de-France à la suite d’importantes chutes de neige.
Souhaitée par la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet et le secrétaire d’Etat aux Transports Thierry Mariani, elle se déroulera en présence, entre autres, de représentants de la SNCF, de la RATP, de Météo France ou encore de fédérations professionnelles et d’associations d’usagers.
Mais c’est surtout la réunion de jeudi, à laquelle participeront Aéroports de Paris (ADP), compagnies aériennes françaises et européennes, voyagistes et associations, qui est la plus attendue après la polémique sur la responsabilité des annulations de vols ayant contraint plus de 2.000 personnes à dormir à Roissy le 23 décembre.
à Strasbourg, le 20 décembre 2010 (Photo : Patrick Hertzog) |
Les compagnies aériennes affirment avoir été contraintes d’annuler des vols en raison de la perspective d’une pénurie de glycol. Elles mettent en cause le gestionnaire de Roissy, ADP, confronté à des difficultés d’approvisionnement de ce liquide utilisé pour le dégivrage des avions et dont les réserves étaient insuffisantes.
Cette semaine, le PDG d’ADP, Pierre Graff, 64 ans, s’est farouchement défendu d’avoir failli : il a affirmé que le glycol n’était “pas la cause” de la pagaille, provoquant l’ire des dirigeants des compagnies.
“L’histoire du glycol n’est même plus un scandale, c’est un mensonge éhonté”, a déclaré à l’AFP l’un d’entre eux, souhaitant rester anonyme. “On l’a tous vécu en direct et tous les acteurs pourraient vous le dire (…) Il n’y avait pas assez de glycol pour faire tous les vols, donc on nous a demandé d’annuler des vols, on a adapté nos vols en fonction de la quantité de glycol restante. C’est scandaleux”, a-t-il ajouté.
éroport de Roissy en raison de la neige, le 20 décembre 2010 (Photo : Bertrand Langlois) |
Selon lui, la neige n’a été qu’un révélateur d’une entreprise –ADP– “transformée en galerie marchande” grâce aux taxes payées par les compagnies, qui “a oublié son métier de base : assister les compagnies, les avions, les passagers”.
“La seule chose qu’on peut espérer de cette table ronde est que Pierre Graff soit foutu à la porte et qu’on nomme un vrai patron d’ADP qui s’occupe des avions et des passagers”, a-t-il conclu.
M. Graff, dont le mandat a été renouvelé en 2009, a d’ores et déjà fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de démissionner, assurant avoir la confiance des pouvoirs publics, ce que confirme l’entourage de Mme Morizet.
Un dirigeant d’une autre compagnie française a relevé que M. Graff avait été “jusqu’alors relativement protégé politiquement”. “Ce n’est sûrement pas le ministre (Mme Morizet) qui fera quoi que ce soit. S’il doit partir, la décision viendra d’au-dessus”. Mais selon lui, ce n’est pas tant M. Graff que le directeur de Roissy qui est à blâmer.
éroport de Roissy (Photo : Lionel Bonaventure) |
Interrogé sur ces remous, un porte-parole d’Air France a déclaré : “Air France n’entend pas alimenter cette polémique et attend les conclusions du rapport commandé par la ministre et de la table ronde du 13 janvier”. Ce rapport, demandé au Conseil général de l?Environnement et du Développement durable (CGEDD), devrait être partiellement rendu public à l’issue des tables rondes.
“J’attends très sereinement le rapport d’inspection”, a assuré Pierre Graff.
Les syndicats d’ADP se sont eux indignés de la mise en cause de leur entreprise, estimant que celle-ci était “calomniée” par les médias.
ADP est détenu à 52,4% par l’Etat et à 8% par le Fonds stratégique d’investissement.