GB : nouveaux appels à une baisse des bonus, la City peu impressionnée

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Angleterre, dans le quartier de La City de Londres (Photo : Ben Stansall)

[10/01/2011 14:14:50] LONDRES (AFP) La classe politique britannique, toutes tendances confondues, est repartie à l’assaut pour obtenir des banques une limitation des bonus particulièrement impopulaires de leurs dirigeants, mais la City ne semble guère impressionnée.

Devenue un thème récurrent au Royaume-Uni depuis la crise financière de 2008, la question des bonus a ressurgi avec une vigueur intacte à l’approche de leurs versements annuels, qui ont traditionnellement lieu au premier trimestre. Ils devraient atteindre cette année quelque 7 milliards de livres (8,4 milliards d’euros).

“La crise? Quelle crise? C’est de nouveau l’heure des bonus!”, titrait le Sunday Times dans sa dernière édition.

L’annonce récente par la presse que le directeur général de Royal Bank of Scotland (RBS), Stephen Easter, allait recevoir à lui seul une prime de 2,5 millions de livres (3 millions d’euros) a enflammé les esprits : désormais détenue à plus de 80% par l’Etat, RBS n’a dû son salut qu’aux dizaines de milliards de livres d’argent public engloutis dans son sauvetage.

Or le gouvernement impose aujourd’hui une cure d’austérité sans précédent aux contribuables, précisément pour solder les comptes de cette période.

La tenue ce jeudi d’une législative partielle à Oldham (nord-ouest de l’Angleterre), considérée comme le premier test électoral pour la coalition conservatrice/libérale démocrate huit mois après son arrivée au pouvoir, a encore attisé la polémique.

Retrouvant leur rhétorique de campagne, les chefs des trois grands partis sont donc remontés au créneau contre les banques et la “cupidité” de certains de leurs dirigeants.

Soupçonné d’être moins ferme en privé qu’en public sur la question, le Premier ministre conservateur David Cameron a appelé dimanche la City à distribuer des bonus “moins importants que l’an dernier”. Disant comprendre “la colère” de la population sur ces primes très généreuses, il a néanmoins jugé contre-productif de “dénigrer systématiquement” les banques.

Lundi, le vice-Premier ministre Nick Clegg, leader des libéraux-démocrates, s’est à son tour emparé du sujet, sur lequel son parti tente de faire entendre sa différence. Il a accusé les banquiers s’accordant des “bonus stratosphériques” de vivre “dans un monde parallèle” et appelé RBS à montrer l’exemple.

Le leader de l’opposition travailliste Ed Miliband est intervenu dans la foulée pour fustiger l’attitude des banquiers, mais aussi celle du gouvernement qu’il accuse d'”injustice”.

Il a réclamé le rétablissement de la taxe sur les bonus instituée par les travaillistes qui a rapporté 3,5 milliards de livres en 2009 mais que le nouveau gouvernement a remplacée par un impôt sur le bilan des banques qui devrait rapporter un milliard de moins.

M. Cameron estime avoir déjà institué l’une des législations “les plus sévères d’Europe”, qui s’ajoute aux nouvelles règles européennes sur les bonus limitant en particulier les versements en cash.

D’après la presse britannique, il est peu vraisemblable que le Premier ministre impose d’autres mesures aux banques, un secteur qui assure 10% de la richesse nationale. D’autant que ses alliés libéraux-démocrates, en pointe sur la question, sont affaiblis après une série de faux pas.

Les banquiers, qui menacent régulièrement de s’exiler vers des cieux plus cléments si le “harcèlement” se poursuit, “sont déterminés à garder leurs bonus”, assurait récemment le Financial Times. En ajoutant que les patrons du secteur étaient “déçus du manque de reconnaissance de l’opinion pour leurs sacrifices de l’an passé”, lorsqu’ils avaient pour la plupart renoncé à leurs primes.