Face aux pressions, le Portugal s’accroche et refuse toute aide extérieure

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é Socrates à Lisbonne le 11 janvier 2011 (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[11/01/2011 13:21:55] LISBONNE (AFP) En dépit des pressions et des “rumeurs”, le gouvernement portugais a réaffirmé mardi qu’il ne solliciterait pas l’aide internationale, estimant avoir les moyens de se financer sur les marchés après avoir dépassé ses objectifs budgétaires pour 2010.

“Toutes les rumeurs sur le FMI et sur l’assistance extérieure sont des spéculations qui n’aident pas, qui nuisent aux intérêts du pays et aggravent les conditions du marché”, a affirmé le Premier ministre José Socrates dans une déclaration à la presse.

“Le gouvernement portugais et le Portugal ne vont demander aucune aide financière car elle n’est pas nécessaire. Le Portugal a fait son travail”, a-t-il insisté alors que, selon des sources diplomatiques à Bruxelles, la pression s’est accentuée ces derniers jours sur le Portugal pour qu’il accepte un plan de sauvetage, à l’image de la Grèce et l’Irlande.

Mardi, M. Socrates a annoncé que le déficit public pour 2010 serait “clairement en-dessous des prévisions” de 7,3% du PIB, affirmant que les “données préliminaires” permettaient de prévoir une économie budgétaire “de l’ordre de 800 millions d’euros, soit 0,5% du PIB”.

“Les chiffres pour 2010 dépassent toutes les attentes”, a déclaré M. Socrates, qui a mis en avant une réduction plus forte que prévue des dépenses de l’Etat, une hausse des recettes et une amélioration du solde de la sécurité sociale.

Cette annonce du gouvernement portugais intervient à la veille d’une émission de dette à long terme, jugée cruciale par les analystes pour tester la capacité du Portugal à se financer.

Depuis plusieurs jours, le Portugal fait face à un regain de tensions sur les marchés obligataires, où les taux d’intérêt des emprunts d’Etat à long terme ont dépassé les 7%, un taux jugé “insoutenable” par nombreux économistes.

Malgré cette pression, M. Socrates s’est déclaré “très confiant” dans le succès de cette émission, visant à lever entre 750 et 1.250 millions d’euros en obligations à 3 et 9 ans, “même dans le contexte d’une aggravation des taux”.

Avant lui, le ministre des Finances Texeira dos Santos avait assuré que le Portugal était “en conditions de supporter ces taux”, estimant qu'”il faut du temps pour que le pays parvienne à montrer ses résultats, pas seulement pour 2010 mais aussi pour 2011″, avec un déficit prévu à 4,6%.

Dans un entretien à la radio TSF, M. Teixeira dos Santos s’était également attaché à exclure tout recours à un quelconque plan de sauvetage, estimant que “cela causerait des dommages très significatifs à la réputation du pays” qui “mettrait des années à récupérer”.

Lundi soir, un haut responsable de la Banque du Portugal avait pourtant jeté un pavé dans la mare en affirmant aux journalistes qu’il serait “plus facile” de récupérer la confiance des marchés “si nous avions une aide extérieure”.

“Je préfèrerais que cela ne soit pas nécessaire”, mais “considérant la situation des marchés (…), nous aurons probablement besoin d’une aide”, avait déclaré Teodora Cardoso, économiste réputée et administratrice de la banque centrale.

Mardi, José Socrates a vigoureusement dénoncé les déclarations de ceux qui “alimentent les rumeurs d’entrée du FMI ou de crises politiques”, les jugeant “irresponsables et complices de ce qui est une spéculation contre notre pays et contre l’euro”.

Pour le Premier ministre, minoritaire au parlement, l’enjeu est aussi politique alors que le Portugal doit élire dans moins de deux semaines son président.

Le chef de l’Etat sortant, Anibal Cavaco Silva, un économiste conservateur de 71 ans, est donné largement favori par les sondages qui lui prédisent une réélection dès le premier tour.

La droite, qui le soutient, a d’ores et déjà appelé à la démission du gouvernement socialiste en cas de recours à une aide internationale.

Interrogé lundi soir sur la télévision nationale, M. Cavaco Silva a refusé de “spéculer” sur une éventuelle aide extérieure au Portugal, tout en affirmant que “si cela se produit, je ferai tout ce dont le pays a besoin pour aider”.