Espionnage : Renault va porter plainte mercredi, Pékin furieux

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à pied, Matthieu Tenenbaum (G), avec son avocat Thibault de Montbrial, le 11 janvier 2011 à Boulogne-Billancourt (Photo : Bertrand Guay)

[11/01/2011 19:39:08] PARIS (AFP) Renault va déposer plainte mercredi dans l’affaire d’espionnage qui le secoue, et qui a pris un tour diplomatique mercredi avec la colère de la Chine dénonçant des accusations “inacceptables” contre elle.

Deux des trois cadres dirigeants menacés d’éviction dans cette obscure affaire ont réfuté publiquement les soupçons qui les visent. L’avocat de l’un d’eux a affirmé que son client avait été dénoncé par une “lettre anonyme”.

“Renault déposera plainte demain, mercredi 12 janvier”, a affirmé le constructeur automobile dans une déclaration écrite transmise à l’AFP. “A partir de cette date, les éléments de cette affaire seront donc confiés à la justice”, a-t-il indiqué sans plus de détails.

Le groupe a reçu mardi après-midi pour “un entretien préalable à une décision de licenciement pour faute lourde, les trois collaborateurs de l’entreprise mis à pied”.

Renault les soupçonne d’avoir diffusé à l’extérieur des informations sensibles liées à ses “actifs stratégiques, intellectuels et technologiques”.

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à pied, le 11 janvier 2011 à Boulogne-Billancourt (Photo : Bertrand Guay)

“Renault porte contre moi des accusations très graves que je réfute totalement”, a déclaré Michel Balthazard, membre du comité de direction de Renault. Il s’est dit “victime d’une affaire qui (le) dépasse”.

De son côté, Matthieu Tenenbaum, directeur de programme adjoint du véhicule électrique, a indiqué par la voix de son avocat attendre “que lui soient exposés les faits qu’on lui reproche”. Selon Me Thibault de Montbrial, c’est une “lettre anonyme” qui est à l’origine des accusations contre lui.

Elle “indiquerait, au conditionnel, de façon indirecte et implicite, qu’il aurait reçu des pots de vin et commis des actes contraires à l’éthique”, a déclaré l’avocat.

M. Tenenbaum demande à être entendu “le plus rapidement possible par la justice (…) afin qu’une fois pour toutes, il soit lavé des soupçons insupportables à son encontre”, a-t-il ajouté.

Le troisième cadre en cause, un adjoint de M. Balthazard, ne s’est pas exprimé publiquement à ce jour.

L’évocation récurrente d’une piste chinoise a suscité mardi une réaction furieuse de Pékin. Le ministère des Affaires étrangères chinois a dénoncé des accusations “totalement sans fondement, irresponsables et inacceptables”.

Ni Renault, ni l’Etat français, son actionnaire à 15%, n’ont à ce jour confirmé cette hypothèse. Le porte-parole du gouvernement français François Baroin a réitéré mardi qu'”il n’y a pas d’accusation officielle de la France et du gouvernement français à l’égard d’aucun pays aujourd’hui”.

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ège de Renault à Boulogne-Billancourt, le 11 janvier 2011 (Photo : Bertrand Guay)

“Renault, comme d’autres, est victime d’une guerre d’intelligence économique”, a-t-il ajouté, en ironisant sur le fait que “la planète, le monde et l’économie en particulier, c’est pas celui des bisounours”.

Le numéro deux du groupe automobile, Patrick Pélata, s’est contenté d’affirmer samedi que Renault était “victime d’une filière organisée internationale”.

La piste d’une fuite vers la Chine de secrets sur la voiture électrique, projet phare dans lequel Renault et son allié japonais Nissan ont investi 4 milliards d’euros, est privilégiée par le contre-espionnage français et le groupe, selon la presse et les spécialistes de l’intelligence économique.

Selon Le Figaro, un société chinoise, présentée comme un géant de la distribution électrique, aurait alimenté des comptes de deux des trois cadres mis à pied par Renault.

L’enquête menée depuis fin août 2010 a permis de découvrir 130.000 euros sur un compte au Liechenstein, 500.000 sur un autre en Suisse, et les versements occultes auraient transité par des intermédiaires à Shanghai et Malte, a affirmé le quotidien mardi.