é Socrates à Lisbonne le 11 janvier 2011 (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[12/01/2011 13:07:25] LISBONNE (AFP) Le Portugal a réussi mercredi à placer près d’1,25 milliard de dette passant avec succès son premier test de l’année sur les marchés, mais le répit pourrait n’être que provisoire, avertissent les analystes.
Contrairement aux prévisions, le Portugal, qui a bénéficié d’une très forte demande, a même obtenu des taux en baisse pour les obligations à long terme, à échéance juin 2020, à 6,716%, contre 6,806% lors d’une opération similaire en novembre dernier.
Pour les obligations à échéance octobre 2014, le taux de rendement s’est fixé à 5,396%, supérieur au taux de 4,041% appliqué en novembre à l’ouverture de cette même ligne d’obligations.
Cette émission obligataire était très attendue en raison des craintes grandissantes sur la solvabilité du Portugal, considéré par de nombreux économistes comme le prochain pays de la zone euro susceptible de devoir recourir à l’aide internationale.
Mardi, le gouvernement portugais avait une nouvelle fois exclu tout recours à un financement extérieur, affirmant avoir les conditions de se financer sur les marchés.
L’inquiétude était montée depuis la fin de semaine dernière, après que les taux d’intérêt de la dette portugaise à dix ans eurent de nouveau atteints vendredi des niveaux historiques, à 7,193%, un taux jugé “insoutenable” par les économistes.
La pression s’était alors accrue sur le gouvernement du Premier ministre José Socrates pour qu’il accepte de solliciter une aide extérieure, à l’image de la Grèce et l’Irlande, afin d’éviter une contagion à des pays plus importants de la zone euro, comme l’Espagne ou l’Italie.
“L’émission s’est bien passée et constitue une bonne nouvelle. On s’attendait pour l’émission à échéance 2020 à des taux autour des 7%”, a déclaré à l’AFP Cristina Casalinho, analyste à la banque BPI.
Pour Paolo Pizzoli, économiste du groupe ING, “cette émission montre que, pour l’instant, le Portugal est encore capable de se financer sur les marchés”. Toutefois, souligne-t-il, “d’autres tests sont encore à venir”.
Pour 2011, le Portugal a chiffré ses besoins de financement net à 20 milliards d’euros, sans compter les 26,5 milliards d’euros de dettes arrivant à échéance cette année.
“Les interrogations sont nombreuses, et ce n’est pas une adjudication qui retire toute les incertitudes concernant l’économie portugaise cette année, surtout dans les premiers mois, car le programme de refinancement est très chargé”, estime Cristina Casalinho de la banque BPI.
Filipe Silva, stratégiste obligataire à la banque Carregosa, estime pour sa part que même si la baisse des taux longs constitue “une bonne surprise”, les taux exigés restent “insupportables compte tenu du potentiel de croissance de l’économie portugaise”.
“A long terme, la situation n’est pas tenable”, affirme-t-il.
Mardi, la banque du Portugal a revu à la baisse ses estimations de croissance pour 2011, prévoyant un recul du PIB de 1,3%, ce qui a renforcé les doutes des économistes sur la capacité du gouvernement à ramener le déficit public à 4,6% du PIB, comme il s’y est engagé.
“Une émission réussie ne change pas la donne, les problèmes vont continuer et il y a encore beaucoup de dette à placer au cours des prochaines semaines”, considère David Schnautz de la Commerzbank
Selon une note du groupe ING, “la grande question est maintenant de savoir si les taux baissent. Si c’est le cas, cela entraînera un grand soulagement pour tout le monde. Sinon, le Portugal se trouvera dans une situation très vulnérable”.
Mercredi, les taux longs portugais se détendaient après le succès de l’émission. Vers 12H45 (11H45 GMT), les taux à 10 ans fléchissaient à 6,869% contre 6,900% mardi à la clôture. Ils avaient même reculé à 6,769% à 10H30 GMT.